L’Atlas topographique de Lugdunum présente les résultats de l’ensemble des fouilles et des découvertes archéologiques, concernant la période antique, qui ont été réalisées sur le territoire de la ville de Lyon, de l’origine des recherches à la Renaissance, jusqu’à aujourd’hui.
Depuis le début des années 1980, près de 1 000 opérations archéologiques, toutes périodes confondues, ont été mises en œuvre sur le territoire de la ville de Lyon. Dans leur très grande majorité, elles l’ont été dans le cadre de l’archéologie préventive, préalablement à des travaux publics ou privés.
Entretien avec Michel Lenoble, directeur de cet ouvrage collectif
Comment est née l’idée de réaliser cet atlas ?
En 2001, le service régional de l’archéologie (DRAC) a pris l’initiative de la constitution de cet atlas topographique. Il s’est inspiré de l’expérience lancée par le centre Camille Jullian d’Aix-en-Provence Atlas des villes de Gaule méridionale, qui a fourmi des normes éditoriales reconnues, ainsi qu’une méthode de travail collégiale, adoptées pour l’atlas de Lugdunum.
L’ensemble des ouvrages édités avec les mêmes normes, les mêmes découpages thématiques, les mêmes échelles de plans, forme une collection de référence, qui permet de mieux connaitre et de comparer entre eux, les différents chefs-lieux des colonies romaines de la Gaule.
L’idée de constituer un atlas topographique de Lugdunum répondait à la fois à une nécessité de synthèse renouvelée de l’état des connaissances sur Lugdunum et à un besoin de réflexions collégiales sur les problématiques archéologiques à mettre en œuvre sur le territoire de Lyon.
En quoi ce projet est-il singulier ?
La mise en place à l’échelle d’une très grande ville : Lyon est très dynamique, les travaux et chantiers de construction sont nombreux, ils donnent lieu sans cesse à de nouvelles fouilles, à de nouvelles découvertes et donc à une somme de connaissances qui ne cesse de grandir, qu’il était nécessaire de réunir, de synthétiser et de restituer au public.
Ce travail de recherche a permis de rassembler et de confronter les connaissances de plusieurs générations de chercheurs, dont certains appartiennent à une époque où la documentation archéologique n’était pas aussi organisée et systématiquement documentée qu’aujourd’hui. Il s’agit donc d’un outil de transmission de la connaissance pour les générations futures.
La richesse de l’ouvrage tient également à la complémentarité des auteurs : archéologues, géomorphologues, épigraphistes, spécialistes des textes d’archives et des sources antiques, historiens, céramologues, topographes, infographes, doctorants en archéologie.
L'atlas de Lugdunum n’est pas une fin en soi, c’est un instrument de recherche, somme de données, qui doit permettre de nourrir des interprétations et des problématiques archéologiques nouvelles, afin d’orienter les fouilles préventives ou programmées ainsi que les travaux de recherche universitaires à venir…
La colonie de Lugdunum a été fondée en 43 av. J.-C. par L. Munatius Plancus, afin de rassembler les colons chassés de Vienne en Narbonnaise, par les Allobroges. C’est chez les Ségusiaves que fut prélevé le territoire destiné à cette fondation. La nouvelle colonie, dotée du droit romain, prit le nom de Colonia Copia Felix Munatia, dénomination qui changera au fil du temps. Lugdunum vit sa prospérité grandir sous le principat d’Auguste, qui en fit une sorte de capitale des Trois Gaules, alors qu’administrativement elle n’était que celle de la Celtique.
L’Atlas topographique de Lugdunum présente l’ensemble des vestiges mis au jour par thème, du milieu du Ier siècle av. J.-C. jusqu’aux IVe, Ve siècles ap. J.-C. Il est organisé en plusieurs parties : la première présente les données de fouilles, telles que les fouilleurs et les inventeurs des vestiges les ont interprétées à l’époque des découvertes ; la seconde partie consiste en une réinterprétation collégiale de ces résultats à la lumière des connaissances d’aujourd’hui.
Des textes d’introduction traitent de la ville antique dans sa globalité : histoire des recherches, cadre naturel, épigraphie, sources littéraires, histoire de Lyon de sa fondation à l’arrivée des Burgondes… Des synthèses thématiques font le point sur les principaux apports à la connaissance : trames urbaines et réseaux viaires, architecture domestique, hydraulique, topographie, abandon de la ville haute…
Une abondante iconographie (plus de 950 illustrations) accompagne l’ensemble des textes, sous forme de photographies, de cartographies de détails à différentes échelles.
L’Atlas topographique de Lugdunum est organisé en plusieurs volumes. Le premier et présent volume est consacré à Fourvière, la ville haute, cœur de la colonie fondée par Plancus. Le second volume, en préparation, traitera de la ville basse, presqu’île et quartiers fluviaux.
Ouvrage édité par la Société archéologique de l’Est dans le cadre de l’UMR 6298 ARTEHIS (Université de Bourgogne) avec le concours financier du ministère de la Culture (Sous-direction de l’Archéologie) à hauteur de 66%, de la Ville de Lyon, de Deluermoz Patrimoine, de l’Institut national de recherches archéologiques préventives et de GAROM.
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