Les bibliothèques territoriales se transforment !
Une guitare à emprunter, un espace café pour s’installer, un laboratoire de création numérique équipé d’une imprimante 3D et d’une découpeuse vinyle, une plateforme de films numériques, une grainothèque… Vous pensez que cela n’a rien à voir avec les bibliothèques ? Alors suivez-nous, on vous emmène à la découverte de ce qui a changé !
Les bibliothèques sont à l’écoute des habitants, attentives à l’évolution de leurs besoins et sensibles aux enjeux qui traversent la société. Après avoir développé de nombreux services numériques, et joué un rôle pour favoriser le lien social, l’ouverture aux autres et l’esprit critique, elles s’engagent aujourd’hui dans la transition écologique. Depuis plus de 40 ans, l’État accompagne les collectivités qui rénovent ou construisent des bibliothèques, afin que les citoyens bénéficient d’espaces de qualité et de services adaptés à leurs nouveaux usages.
C’est important, car ils ne viennent plus seulement pour emprunter : ils s’installent longuement sur place, seuls, en famille ou entre amis pour échanger, se former, consulter des ressources, jouer ou travailler. Ils utilisent les ordinateurs, tablettes, liseuses, la connexion Wi-Fi. Ils assistent ou contribuent aux rendez-vous culturels proposés : partages de savoirs, débats, ateliers pratiques, spectacles, etc.
Tout n’a pas changé bien sûr. À l’écart des circuits marchands, les bibliothèques sont toujours des lieux de savoirs, de loisirs et de compréhension du monde où l’expérience forge l’imaginaire et le libre arbitre. Ouvertes à tous et inclusives, elles jouent un rôle de premier plan dans la compréhension des enjeux contemporains et la défense des valeurs démocratiques. Elles continuent de favoriser le développement de la lecture et de lutter contre toutes les formes de déterminismes culturels et sociaux.
Des médiathèques plus ouvertes et plus accessibles
Les bibliothèques portent beaucoup d’attention à l’accueil, au confort de la visite et à l’accessibilité. Cela se traduit par exemple par des horaires d’ouverture élargis. L’État a soutenu presque 600 projets d’extensions d’horaires entre 2016 et 2023, ce qui a permis à ces établissements d’ouvrir en moyenne presque 10h de plus par semaine.
D’autres initiatives témoignent d’une forte attention portée à la praticité de la visite : documents de communication traduits en plusieurs langues, prêt de cabas, de lunettes de vue, etc.
Les personnes en situation de handicap peuvent bénéficier de services dédiés : matériels permettant la lecture vocale de textes écrits, claviers braille, livres en grands caractères, accueil en langue des signes, etc. Un portail national dédié à l’édition accessible permettra à partir de 2027 d’identifier immédiatement si un livre existe dans une version numérique adaptée. Un effort reste cependant à faire sur l’accessibilité des sites web et des ressources en ligne.
Les bibliothèques cherchent à favoriser l’implication des citoyens. Il peut s’agir de faire participer les habitants à des projets portés par l’institution : construction, aménagement d’espaces ou de nouveaux services, contribution au choix des collections. Mais cela consiste aussi à ouvrir les bibliothèques aux initiatives portées par les habitants.
La bibliothèque de Romans Valence Agglomération propose par exemple les « Rendez-vous à la cabane », un dispositif qui permet aux habitants d’organiser un rendez-vous culturel ou d’échange de savoirs et savoir-faire. Pour cela, l’établissement met à leur disposition un espace, une aide à l’organisation et communique sur le rendez-vous.
Aux Champs-Libres à Rennes, les rendez-vous 4C (convivialité, coopération, capacités, communs) permettent aux habitants de se trouver autour d’un intérêt commun pour apprendre et « faire » ensemble : converser en langues étrangères, échanger des astuces pour réduire ses déchets, s’entraider pour la recherche d’emploi, etc.
De nouveaux types d’espaces
Les bibliothèques sont devenues des lieux de vie chaleureux et accueillants. Certaines ont été construites par des architectes de renom et ont reçu des prix architecturaux reconnus, par exemple à Grasse ou Valence. Certains projets ont associé étroitement les habitants à la co-construction du lieu et de services, comme à Lezoux (Puy-de-Dôme).
On trouve de plus en plus souvent dans les bibliothèques des espaces café, des canapés confortables, des salles de travail partagé (de type cotravail). Certaines ont intégré des laboratoires numériques équipés d’imprimantes 3D et de découpeuses vinyles, d’autres ont installé des laboratoires de langue, des salles insonorisées équipées d’instruments de musique voire des studios d’enregistrement et de captation d’images. Ces nouveaux espaces côtoient ceux, plus classiques, réservés aux collections, au travail, aux rencontres culturelles, aux heures du conte et aux usages numériques.
Le tournant numérique
Les bibliothèques mettent à disposition de nombreuses ressources numériques. 75 % d’entre elles proposent par exemple des ressources en ligne : livres, films, musique, cours en autoformation sur des thématiques variées, etc. Près de 1300 bibliothèques sont équipées de jeux vidéo.
Ouverte à tous, librement accessibles et densément implantées, elles sont également identifiées par les habitants comme l’un des premiers lieux d’inclusion numérique : il est possible d’y utiliser du matériel numérique et de se faire accompagner pour sa prise en main, ce qui contribue à réduire les inégalités en matière d’équipement et d’usage. Nombre d’entre elles accueillent des conseillers numériques. L’accompagnement peut prendre la forme d’ateliers pratiques, de conférences, d’échanges de savoirs, etc.
Les bibliothèques proposent aussi des ressources permettant de créer avec des outils numériques.
Il s’agit parfois de création sonore et vidéo : de nombreuses bibliothèques comme celles de Nîmes, de Toulouse ou des départements de la Gironde, de l’Isère ou de la Somme se sont lancées dans la création de podcasts, avec l’achat de matériel, la réalisation de formations et d’animations, et parfois l’installation de véritables studios d’enregistrement ou de musique assistée par ordinateur, fixes ou mobiles. On trouve dans certaines d’entre elles, comme à la bibliothèque municipale de Lyon, des studios de captation vidéo complets.
Certaines proposent de tester la réalité virtuelle ou augmentée : introduite dans les bibliothèques par le biais de matériels (casques, consoles de jeu) et d’applications de lecture augmentée, cette technologie se déploie aujourd’hui sous forme d’activités culturelles immersives. En Savoie, dans l’Aisne ou le Loir-et-Cher, par exemple, les bibliothèques départementales proposent ainsi des « malles de matériel nomades » aux bibliothèques des communes qu’elles desservent (moins de 10 000 habitants).
Elles sont de plus en plus nombreuses à proposer des laboratoires de création numérique (« fablabs ») permettant le prototypage et la fabrication d’objets grâce à des machines à commande numérique. On y trouve des imprimantes 3D, des découpeuses vinyle, des machines à coudre automatisées, des badgeuses et des fraiseuses numériques, ainsi que des personnels formés. Les fablabs, ouverts à tous, permettent la fabrication d’objets et encouragent le partage et la collaboration. On en trouve par exemple à Arras, Plaine commune, Bordeaux, Lyon ou encore Perpignan. Les bibliothèques départementales préfèrent des fablabs itinérants, comme dans les Hautes-Alpes, le Calvados, l’Isère, le Loir-et-Cher, la Lozère ou le Pas-de-Calais.
D’autres encore expérimentent l’intelligence artificielle pour mieux renseigner les lecteurs, faciliter la recherche sur le catalogue, ou faire des propositions de lecture.
La façon de proposer de la musique et du cinéma évolue beaucoup, avec la dématérialisation des contenus. De plus en plus de bibliothèques valorisent la création locale (la 64 music box ), proposent des collections de partitions, du prêt d’instruments de musique (Cherbourg, bibliothèque départementale de la Manche qui dessert les communes de moins de 10 000 habitants…), des studios de répétition et d’enregistrement et parfois même des scènes ouvertes accessibles aux musiciens amateurs. Une offre d’autoformation en ligne et de logiciels de mixage peut compléter le dispositif. À Toulouse, il est par exemple possible d’emprunter des dizaines d’instruments de musique, du balafon à la guitare électrique et une music box propose des instruments et des outils (guitare électrique, batterie électronique, guitare basse, quatre pianos, station MAO) pour jouer et composer sur place. Des concerts sont aussi organisés dans les bibliothèques comme l’illustre le festival Amply dans le Rhône.
Des bibliothèques engagées dans la transition écologique
Depuis plusieurs années, les bibliothèques se mobilisent pour la transition écologique. Elles s’interrogent sur la consommation d’énergie de leurs espaces, sur leurs pratiques en termes de sobriété numérique et, plus largement, sur leur organisation en établissant des stratégies éco-responsables, cohérentes avec les défis des territoires dans lesquels elles sont implantées.
Les bibliothécaires se forment, constituent des collections spécialisées sur la thématique, comme à Villeneuve-d’Ascq (61 000 habitants, Hauts-de-France) ou à Vouillé (4000 habitants, Deux-Sèvres) et organisent des ateliers de sensibilisation, comme des fresques du climat. La médiathèque de la Canopée à Paris a reçu le prix de la Fédération internationale des associations de bibliothèques (IFLA) de la meilleure bibliothèque verte en 2022.
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