« On l’a fait ! ». En se jetant dans les bras des membres de son équipe, Yann Galut, le maire de Bourges, laisse éclater sa joie et ne peut retenir ses larmes. Sa ville devient la cinquième de France à devenir Capitale européenne de la Culture, pour l’année 2028. L’annonce a été faite mercredi 13 décembre au ministère de la Culture, chargé d’organiser la sélection nationale pour cette initiative portée par l’Union européenne et mise en œuvre par la Commission européenne.
L’élu l’admet lui-même : sa ville faisait office de « petit poucet » face aux trois autres candidates que sont Montpellier, Rouen et Clermont-Ferrand. « Nous sommes une ville à taille humaine de moins de 100 000 habitants face à des métropoles qui ont déjà une influence et une attractivité que Bourges n’avait pas. » Ce choix est d’ailleurs, pour la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, « le pari d’une ville de taille moyenne qui mise sur la culture pour son développement humain, social et économique et qui ambitionne de faire une véritable place à tous les publics ».
Le projet berrichon a su séduire le jury malgré une compétition serrée. « Le processus de sélection a été extrêmement difficile, avec des débats intenses et profonds. Bourges a simplement été la ville qui répondait le mieux aux six critères, explique la présidente du jury Rossella Tarantino qui salue le haut niveau des candidatures présentées. Les quatre dossiers ont été de véritables enchantements qui ont permis d’enrichir notre perception de la France contemporaine. »
Un projet « Territoire d’avenir »
Le projet « Territoire d’avenir » présenté par la préfecture du Cher s’inscrit comme un laboratoire des territoires associant culture, inclusion et écologie qui sera « un extraordinaire levier d’attractivité au-delà de notre projet culturel » pour le maire. L’axe des mobilités et de la transition écologique a été particulièrement développé notamment en ce qui concerne le transport des visiteurs. Bourges 2028 veut ainsi développer un programme de trains de nuit culturels qui voyageront dans toute l’Europe avec des lignes reliant la France et ses pays voisins et d’autres Capitales européennes de la Culture. « Nous avons essayé de proposer une autre vision et un autre moyen de vivre cette Capitale européenne de la Culture », ajoute Yann Galut.
Bourges prépare également l’héritage de cette année 2028 avec l’ouverture, dans l’Hôtel-Dieu, un ancien hôpital au cœur de la ville, d’une Cité européenne des artistes et autrices et auteurs (CE2A) qui soutiendra la création et la diffusion paneuropéennes de la production artistique. « Pour nos quatre villes, une dynamique s’est enclenchée parce qu’aujourd’hui, plus que jamais dans ces moments troubles, la culture doit nous rassembler. C’est une immense responsabilité d’être capitale européenne de la culture en 2028 car quelque part, nous représenterons la France pendant cette année exceptionnelle », lance Yann Galut.
Un long processus de sélection
Cette annonce est la conclusion d’un processus de sélection long de presqu’un an. Neuf communes avaient candidaté et été auditionnées par un jury indépendant composé de douze membres européens dont deux français. Quatre villes avaient été choisies au terme d’une première session d’auditions en mars dernier. Elles ont passé les derniers mois à affiner leur projet afin qu’ils collent au mieux aux critères édictés par les institutions européennes : l’apport au développement à long terme de la ville, le contenu culturel et artistique, la dimension européenne, l’implication de la société civile ou encore le budget.
Bourges sera ainsi Capitale européenne de la Culture en 2028, aux côtés de České Budějovice en République Tchèque et Skopje en Macédoine du Nord. Cette action lancée en 1985 conjointement par les ministres grecques et français de la Culture, Mélina Mercouri et Jack Lang a pour objectif de promouvoir la diversité des cultures en Europe et placer la culture au cœur du développement d’une ville sur le long terme.« Ce processus de construction de ce projet de Capitale européenne de la Culture où chacun apporte sa pierre est en soi une illustration du projet européen, constate Valérie Drezet-Humez cheffe de la Représentation de la Commission européenne en France. Vous avez réussi à inscrire l’Europe dans la réalité quotidienne de vos citoyens en faisant de vos villes des plate-formes de discussion où les expressions culturelles sont à la croisée de certains grands enjeux : la lutte contre réchauffement climatique, la relation parfois distendue entre espace des villes et rural, la question de la santé physique et mentale à la sortie de la pandémie ou encore l’importance des mobilités et de la visibilité de l’ensemble des territoires. »
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