Jusqu’à fin novembre, l'artiste, créateur de mode et designer Jean-Charles de Castelbajac a investi Mille Formes. Son exposition « Le peuple de demain », installée au Centre Pompidou, a été adaptée pour l'espace de de 700 m2 situé à Clermont-Ferrand avec toujours plusieurs dispositifs pédagogiques autours des signes, des symboles, des sons et d'un langage universel.
Un signe de plus de la collaboration entre les deux musées parisien et auvergnat. Depuis 2019, Clermont-Ferrand a ouvert Mille Formes, un centre d’initiation à l’art réservé aux tout-petits, projet imaginé et conçu dès 2017 avec le Centre Pompidou. « Celui-ci avait une certaine expertise sur l’art pour les tout-petits qui permettait de savoir comment monter le projet, se souvient Sarah Mattera, directrice des lieux. Au départ, ce devait être une formation mais cela a abouti à un accompagnement plus poussé comme lors de la programmation pendant les phases de préfiguration. » Aujourd’hui, les deux structures collaborent ensemble à travers l’organisation de formations et le prêts d’expositions et d’ateliers interactifs.
Un très grand lieu pour les tout-petits
Une première phase d’expérimentation a été menée pendant trois semaines en avril 2018 au centre Camille-Claudel pour permettre aux habitants d’appréhender et de découvrir les ateliers et le lieu. Puis c’est dans une ancienne boutique de vêtements que le centre a pris place avec une conception très étudiée. « C’est un lieu traversant avec une grande vitrine donnant sur la rue. Nous ne souhaitons pas cloisonner cet endroit mais au contraire créer des espaces avec une certaine fluidité pour les différents publics », poursuit Sarah Mattera.
La designer Laure Jaffuel a ainsi imaginé différentes aires (galerie, ateliers, mini-cinéma, agora, zone pour les 0-2 ans...), chacune possédant sa propre identité et sa propre programmation. « L’idée est créer un terrain de jeux et de faire du très, très grand pour les tout-petits », poursuit Sarah Mattera. Ainsi, tout le mobilier – comme les placards - a été conçu au niveau des adultes mais avec des accessoires comme des escabeaux pour que les enfants puissent y accéder.
Une programmation qui change en permanence
La tranche des 0-6 ans s’est imposée d’elle-même, l’offre étant encore peu développée pour cet âge et la phase étant charnière pour le développement de l’enfant. « Elle correspond à une période sensible chez les tout-petits, d’où l’importance de les immerger dans la création pour développer leur imaginaire et le lien social, explique Sarah Mattera. Ce centre participe au bien-grandir car il éveille à des univers différents, ouvre les enfants au monde, à l’autre, à l’ailleurs et à différentes formes esthétiques. Cela développe beaucoup leur intelligence et leur compréhension du monde. » Mille Formes a fait le choix de faire la distinction entre les plus et moins de deux ans. « Mais ici, tout est assez mouvant, précise la directrice. On expérimente pas mal de choses avec des propositions qui ne concernent pas forcément l’âge mais là où en est l’enfant comme l’acquisition ou non de la marche. » Surtout, ce lieu pluridisciplinaire n’est pas uniquement réservé aux enfants et veut également toucher leurs parents qui sont intégrés dans chaque atelier.
Le public étant au rendez-vous avec près de 350 visiteurs par semaine, la programmation tourne très rapidement avec des expositions qui changent tous les trois à quatre mois. Toutes sont tournées vers la manipulation et l’éveil des sens avec par exemple, pour les bébés, l’écoute de dispositifs sonores. « Il y a peu de choses sous vitres sauf un mini-musée avec une pièce de chaque musée de la ville pour montrer que dans un musée, tout n’est pas forcément à toucher », prévient Sarah Mattera. Cet espace est à la fois un point d’ancrage et un lieu de transition destiné à faire le lien culturel entre Mille Formes et les autres espaces culturels et patrimoniaux de Clermont-Ferrand.
Enfin plus qu’un lieu artistique, Mille Formes est aussi un lieu d’expérimentation ouvert sur la ville et d’échanges avec les autres professions de la petite enfance. Des colloques y sont organisés et les acteurs du réseau de la petite enfance peuvent participer à des rencontres avec des professionnels. Le centre a également développé une programmation hors-les-murs dans tout le Massif central afin que l’initiation à l’art s’étende au plus grand nombre de tout-petits.
La Station 0.2, nouvel espace pour les tout-petits au Centre Pompidou
À l’occasion de la Rencontre nationale de l’éveil artistique et culturel, le Centre Pompidou dévoile la Station 0.2, un nouvel espace d’atelier entièrement dédié aux 0-2 ans. « Le centre a investi le terrain de la petite enfance et a toujours à cœur d’imaginer de nouveaux dispositifs pour toucher de nouveaux publics, confirme Charlotte Bruyère, directrice générale adjointe de l’établissement. Ce projet symbolise donc notre volonté de nous investir dans le thème de la petite enfance. » Cet espace vient s'ajouter à celui pour les 2-5 ans et celui pour les 6-10 ans, situés dans la Galerie des enfants.
Ce véritable terrain d’expérimentation est inauguré avec « TUBABULURES », pensé avec le duo de designers du BehaghelFoiny. Ce paysage sensoriel et tubulaire coloré, composé de parties gonflables et de mousses, fait écho aux tubes de l’architecture du Centre Pompidou. Les bébés pourront remuer, toucher voire grimper sur un ensemble d’éléments étranges, afin de leur faire produire du son.
Jusqu’au 4 février 2023
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