À Bali, il y a quelques semaines, une tradition française s’est vue reconnaître sa dimension universelle.
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui, dans ce haut lieu si prestigieux de l’équitation française. L’année qui vient de se clore a donc vu l’inscription de l’équitation de tradition française sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO : une reconnaissance qui a été le fruit d’une mobilisation exemplaire de la direction générale des patrimoines, du Cadre Noir de Saumur et de l’Ecole nationale d’équitation, pour instruire un dossier complexe, répondant à des critères très exigeants. Nous pouvons être fiers de la réussite de cette candidature, et qui a reçu l’approbation du Comité intergouvernemental du patrimoine culturel immatériel ; cette reconnaissance vient consacrer l’excellence et la vitalité d’une tradition et de ses grands maîtres, une tradition qui met en valeur une forme unique de symbiose entre l’homme et l’animal - point à souligner, tant sont rares les candidatures qui abordent la question de la place des animaux dans les différentes formes de patrimoine culturel immatériel.
La tradition militaire de l’équitation française est omniprésente dans la longue iconographie de notre histoire, depuis la tapisserie de Bayeux jusqu’à la Galerie des Batailles aménagée par Louis-Philippe au Château de Versailles. Une tradition toujours aussi vivante, comme l’atteste le Cadre Noir de Saumur.
J’aimerais aujourd’hui saluer la présence d’un grand homme de l’équitation française, le Général Pierre Durand, qui fut écuyer en chef du Cadre Noir et directeur de l’ENE.
Au-delà du Cadre Noir de Saumur et de l’Ecole Nationale d’Equitation, c’est une vaste communauté, présente au sein des clubs et des associations, c’est une diversité de pratiques de l’équitation de tradition française, une pluralité de domaines et de métiers, qui font l’objet d’une reconnaissance universelle.
L’équitation et les traditions liées au monde du cheval font partie intégrante des programmes et des projets de mon ministère. La direction générale des patrimoines a lancé en 2011 un programme de recherche interdisciplinaire consacré au cheval et à ses patrimoines. L’année écoulée a été marquée par deux colloques importants, à Tulle et Pompadour en mai, et ici-même à Saumur en décembre.
Cette action du ministère de la Culture se poursuivra en 2012 avec, en outre, l’organisation d’un colloque en octobre prochain, grâce à la direction générale des patrimoines et l’Institut national du patrimoine, sur « les collections patrimoniales de l’histoire du cheval en France et en Europe ». Ce travail permettra de préparer l’exposition d’intérêt national « Le cheval et ses patrimoines » prévue à l’horizon 2014-2015, ou encore le projet d’un portail numérique dédié à l’histoire du cheval, donnant accès à l’ensemble des documents patrimoniaux numérisés, porté conjointement par la Bibliothèque nationale de France et l’Institut français du cheval et de l’équitation.
Par votre magnifique présentation du travail des chevaux du Cadre Noir, vous nous avez montré combien une tradition martiale et exigeante est capable de se mettre au service de l’harmonie, avec cette capacité unique de rendre naturel le geste remarquable - ce que Castiglione appelait la sprezzatura, et qui pour lui était le signe extérieur de la noblesse.
Je vous remercie.