Nous perdons avec Pierre Chaunu l’un des plus grands historiens de notre temps, un travailleur infatigable qui laisse une œuvre immense, notamment sur l’Espagne, qui lui était très chère. La publication des douze volumes de sa thèse sur Séville et l’Atlantique a été pour beaucoup de chercheurs une véritable révélation.
Pierre Chaunu s’est imposé comme l’inventeur d’une nouvelle manière de faire l’histoire, l’histoire quantitative et sérielle. Sollicitant les mathématiques, l’économie, les statistiques et surtout la démographie, il interpréta les chiffres comme peu d’historiens avaient su le faire avant lui pour comprendre les tendances profondes de l’histoire sur la « longue durée ».
Ce professeur né et reconnu, membre de l'Académie des sciences morales et politiques et du Haut Conseil à l'intégration, était en même temps un homme engagé. Il fut l’un des premiers à souligner ce que la situation démographique de l’Europe peut avoir d’inquiétant pour notre avenir.
Ce grand historien n’était pas un homme du passé. Il songeait avec passion aux générations futures, auxquelles il voulait transmettre les acquis de cette forme de patrimoine qu’est notre civilisation.