Homme discret, esprit indépendant et exigeant, rigoureux et généreux,
il a su se frayer dans le paysage cinématographique un chemin à la
fois très personnel, très original et capable d’attirer à lui un vaste
public de cinéphiles et d’amateurs.
Ce novateur, l’un des « jeunes Turcs » des Cahiers du cinéma dont il
fut, aux côtés de François Truffaut, Jacques Rivette, Jean-Luc Godard
et Claude Chabrol, un critique sagace et visionnaire, a su inventer un
langage cinématographique qui puise dans les subtilités mêmes de la
langue française dont il aura été le grand cinéaste.
La ligne de crête que suivait Eric Rohmer l’a conduit à une réussite
esthétique exceptionnelle : il a su être à la fois un homme de cinéma
complet et, en même temps, une réminiscence parfaitement incarnée
de la grande tradition littéraire des analystes du coeur, les Musset, les
Marivaux et les moralistes classiques auxquels il a été souvent, et à
juste titre, associé.
Dans la trentaine de ses long-métrages indissociablement
primesautiers et profonds, offerts au public par bouquets de « Contes
moraux », « Comédies et Proverbes » et « Contes des quatre
saisons », ainsi que dans ses courts métrages, il a forgé un nouveau
style, révélé nombre de comédiens, donné un sens nouveau au mot
d’« auteur », illustrant de manière exemplaire l’idéal de ce « cinéma
d’auteur » qu’il défendait avec ses amis de la Nouvelle Vague et
l’appui fidèle des Films du Losange.
Sauvant de l’éphémère, sans en trahir le charme, dans la forme
ciselée de ses dialogues, nos sentiments et nos passions, il a su faire
de l’artifice consenti le chemin le plus sûr de la vérité
cinématographique et de la transparence du coeur.
Ainsi, des films tels que « Ma nuit chez Maud », « Le genou de
Claire », « L’amour l’après-midi », « La marquise d’O », « La femme
de l’aviateur », « Pauline à la plage » ou plus récemment, « L’anglaise
et le Duc » et « Les amours d’Astrée et de Céladon » sont d’ores et
déjà considérés comme des classiques de l’histoire du cinéma
célébrés et étudiés par les plus grands cinéastes du monde
contemporain.
Hommage de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, à Eric Rohmer.
J’ai appris avec une grande émotion la disparition d’Eric Rohmer l’undes plus grands auteurs du cinéma français.
Publié le 11.01.2010
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