Comment s’est montée la programmation culturelle autour des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 en Hauts-de-France ?

Hilaire Multon : De mai à septembre 2024, l’Olympiade culturelle participera à l’effervescence du pays pour l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Avec l’accueil de très nombreuses épreuves de basketball et de handball dans la métropole lilloise, les Hauts-de-France se devaient de saisir la balle au bond en partageant généreusement la vitalité artistique et culturelle de la région avec le plus grand nombre.        

L’Olympiade culturelle est ainsi une merveilleuse programmation artistique pluridisciplinaire qui a réuni les actrices et acteurs culturels des Hauts-de-France autour des valeurs propres au sport et à la culture. Les précédentes éditions de l’Olympiade culturelle et les Journées européennes du patrimoine de 2023, l’événement culturel fédérateur le plus célébré d’Europe, qui avait notamment pour thème « le patrimoine du sport », avaient su donner un élan enthousiaste à cette démarche.

Pour bâtir la programmation de l’Olympiade culturelle, le DRAC Hauts-de-France a lancé un appel à projets régional. Nombreux ont été les porteurs de projets ambitieux, animés par la volonté de mettre en lumière ce qu’il y a de commun entre ces deux disciplines, inspirés par l’esprit des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.  

Cet appel à projets a fait l’objet d’une commission, lors de laquelle les propositions artistiques et culturelles ont été examinées collégialement par les conseillers de la DRAC Hauts-de-France que je remercie chaleureusement pour leur expertise et leur attention portée notamment à l’équité territoriale, fondamentale dans notre action. Nous avons souhaité soutenir très volontairement les propositions en direction des publics éloignés de l’offre culturelle, celles se souciant également de l’accessibilité, de l’inclusion, comme les projets portant un intérêt à la place des femmes dans le sport. Je tiens également à saluer l’implication, lors de cette commission, des représentants de la Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle (DG2TDC) du ministère de la Culture, de la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (DRAJES), et des représentants des cinq conseils départementaux et de la région Hauts-de-France. Pour la seule DRAC Hauts-de-France, une enveloppe de 300 000 euros a permis de soutenir 25 magnifiques projets, de Château-Thierry à Croisilles, en passant par Estaires, Pont-Sainte-Maxence et Amiens.

Toutes ces propositions permettent à notre territoire de rayonner à la lueur de la flamme olympique, qui viendra traverser les Hauts-de-France au mois de juillet.

La programmation de l’Olympiade culturelle est riche et foisonnante. Qu’ont les projets labellisés en commun ?

Hilaire Multon : En Hauts-de-France, les projets qui animent nos cinq départements sont profondément pluridisciplinaires et participatifs, mais surtout festifs, généreux, colorés. Ils réunissent petits et grands autour d’un événement inédit, qui marque de son ampleur internationale remarquable tout le pays.

Arts visuels, danse, théâtre, cinéma, livre et lecture, musique : l’entremêlement culturel qui caractérise cette programmation reflète la vitalité et la richesse de la création de notre région. La thématique « art et sport » a inspiré l’exploration des frontières disciplinaires, comme si le dépassement de soi du sportif avait nourri la démarche de création de l’artiste.

Les propositions artistiques sont réunies autour du lien entre culture et sport, mais se démarquent surtout par l’enthousiasme qu’elles diffusent, par les sourires qu’elles apportent aux habitants. Je pense notamment à la sélection officielle féminine de la Compagnie On Off, ces cyclistes vêtues de rose et de bleu qui diffusent leur joie de porte en porte en livrant à domicile des chansons rythmiques et sportives, pour toutes celles et ceux qui se retrouvent dans l’incapacité de participer aux rassemblements collectifs.

L’Olympiade culturelle est aussi synonyme de musique, notamment grâce aux projets du « Plan Fanfare », comme à Croisilles où la créativité des enfants des écoles maternelles et primaires a pu être convoquée pour établir un spectacle sous forme de déambulation musicale.

Les spectacles de théâtre s’enchaîneront également, notamment avec le festival « Second souffle » à Amiens qui, pendant onze jours, dépassera ses limites en proposant des représentations en extérieur, ou encore avec le projet « Olympica » de l’association Sensitropes, qui mêlera l’art de la boxe à la poésie pour des performances participatives, invitant le public au cœur de la représentation.

En Hauts-de-France, l’Olympiade culturelle se chante, se joue, se déguste, mais aussi, elle se danse. Les propositions artistiques libèrent le mouvement, appellent à l’expression des corps, au bouillonnement des sens. Les habitants pourront participer aux chorégraphies percutantes lors des « Bals chorégraphiques athlétiques », organisés dans plusieurs villes du Nord, ou admirer l’art du breakdance, nouvelle discipline olympique, grâce au spectacle « BreakDO » qui défie les lois de l’apesanteur à La Faïencerie, théâtre de Creil.

Certains projets de l’Olympiade culturelle accompagneront le parcours de la flamme. Qu’est-ce que cette traversée va apporter au territoire ?

Hilaire Multon :  Le relai de la flamme olympique va mettre à l’honneur de nombreux Monuments historiques de la région, ainsi que plusieurs sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je pense aux vingt-trois beffrois du Nord de la France, bassin minier qui marque le paysage de notre beau territoire, aux quarante-trois sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale, aux Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, ainsi qu’aux fortifications de Vauban. 

Le 2 juillet, dans le Nord, la flamme illuminera les fortifications d'Avesnes-sur-Helpe ou le majestueux beffroi de Douai. Elle passera également à Wallers-Arenberg, ancien site minier, et par Cambrai avant de rejoindre Lille, par Roubaix et Tourcoing.

Le lendemain, dans le Pas-de-Calais, la Flamme Olympique éclairera les patrimoines de Calais, de Saint-Omer, de Boulogne-sur-Mer ou d’Arras. 
Dans le bassin minier, elle ne saurait manquer le musée du Louvre-Lens avant de gagner le mythique stade Bollaert-Delelis.

Le 4 juillet, dans la Somme, la flamme honorera le sacrifice des nations du Commonwealth à Villers-Bretonneux, avant de traverser des sites historiques tels que la citadelle de Doullens, la ville médiévale de Saint-Valéry-sur-Somme, le parc d’archéologie vivante de Samara. À Amiens, elle ne manquera ni l’une des plus belles cathédrales gothiques de France, ni la maison de Jules Verne.

Le 17 juillet, dans l'Aisne, la flamme éclairera les charmantes rues de Château-Thierry, berceau de Jean de la Fontaine, et la majestueuse cathédrale de Laon.

Enfin, le 18 juillet, dans l'Oise, la flamme illuminera les monuments emblématiques de Compiègne, tels que l'église Saint-Jacques et le château impérial, passera par Chiry-Ourscamp et son abbaye, puis par Chantilly, son château prestigieux et son hippodrome, berceau des courses en France. Après une étape dans la « ville aux roses », elle rejoindra Beauvais, le MUDO – musée de l’Oise et sa vertigineuse cathédrale Saint-Pierre.

Sur ce parcours, la fête sera animée par nos fanfares enflammées et de nombreuses performances ou spectacles labellisés Olympiade culturelle. Le jour du passage de la flamme dans l’Aisne, le site du Familistère de Guise vivra au rythme des animations et des spectacles de rue, tout comme le vélodrome Roger Salengro de Creil, qui accueillera le porteur dans un décor coloré par les deux fresques artistiques créées à cette occasion.