Il y a soixante ans, le général de Gaulle prenait la décision de nouer des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Pour célébrer cet anniversaire, les deux pays ont travaillé de concert pour faire naître en 2024 une année franco-chinoise du tourisme culturel. Cette année était marquée par deux objectifs : partager, dans un premier volet, la richesse de la culture française dans près d’une trentaine de villes chinoises à travers un programme ambitieux de manifestations et, second volet, faire découvrir les grands chefs d’œuvre d’hier et d’aujourd’hui de la culture chinoise en France.

L’art des Ming au musée Guimet

En France, c’est bien sûr le Musée national des arts asiatiques, le célèbre musée Guimet fondé en 1889, qui a été à l’avant-garde de cet anniversaire de nos relations diplomatiques et de l’année franco-chinoise du tourisme culturel. Rappelons que le musée possède l’une des plus remarquables collections chinoises de l’Occident, réunissant plus de 20 000 objets couvrant sept millénaires d’art et de création, du néolithique à nos jours. 

Cette année, le musée Guimet a consacré presque entièrement ses expositions et sa programmation culturelle à la Chine, avec notamment un hommage au peintre T’ang Haywen, une carte blanche donnée à la designer Jiang Qiong Er et une exposition spectaculaire des porcelaines monochrome de la collection Richard Kan.

Cet automne, grâce à une coopération exceptionnelle avec le musée Qujiang de Xi’an, le musée Guimet organise une exposition remarquable sur l’art de la parure sous les Ming à travers les trésors de l’orfèvrerie impériale du 14e au 17e siècle. À partir du 20 novembre, une autre exposition extraordinaire prendra le relais, conçue comme une immersion unique dans la plus cosmopolite des capitales de la Chine (dynastie des Tang, 618-907) : Chang’an. Des œuvres d’art provenant de nombreux musées des provinces chinoises (grâce au partenariat avec l’organisme public Art Exhibitions China) seront pour la première fois exposées en Occident : des peintures, des calligraphies et les plus grands trésors archéologiques de la dynastie, dont certains issus de fouilles récentes.

Guimet, par ailleurs, offre une riche programmation artistique et culturelle (visites commentées, ateliers, spectacles…), avec notamment quelques représentations d’opéra chinois que les amateurs du festival annuel ne manqueront pas !

La création contemporaine chinoise au Centre Pompidou

C’est avec le West Bund Museum de Shanghai que le Centre Pompidou s’est associé pour présenter une exposition collective consacrée à la jeune scène contemporaine chinoise. Elle met à l’honneur des artistes qui ont grandi avec l’ouverture de la Chine, marquée par le développement des échanges internationaux et la forte croissance économique. Ces artistes sont l’expression des profonds changements de la Chine dans son rapport à elle-même et au monde, alors que le pays a été propulsée au rang de deuxième économie mondiale, a traversé des révolutions technologiques majeures et a connu un essor urbain incroyable. 

On ne s’étonnera donc pas de la créativité formidable de ces artistes également inscrits dans une tradition culturelle et esthétique immémoriale, qu’ils s’emploient à renouveler à travers la grande diversité des supports mobilisés : vidéos, peintures, sculptures, installations, photographies, nouveaux médias (particulièrement important dans ce pays marqué par une accélération de la transformation numérique).

Le 10 octobre, le public a pu assister à une performance donnée par Chen Zhou, artiste de 37 ans qui vit et travaille à Shanghai, expose notamment à Toronto, Séoul, Hong Kong. L’artiste dispose dans un espace donné des matériaux comme la terre, les os, le feu, l’eau, la fumée, les pierres et des vases de porcelaine, où il crée des rituels méditatifs collectifs invitant le public à faire une expérience cognitive tout à fait singulière. Un moment qui puise notamment ses références dans l’ancêtre chinois du Zen japonais : la culture Chan.

Signalons par ailleurs que son partenariat avec Chanel permettra au Centre Pompidou - Musée national d’art moderne d'acquérir un ensemble important d’œuvres figurant dans l’exposition.

Danse et animaux de lumière en région

On se souvient de quelques événements en région cette année comme la très belle exposition Zao Wouki en Normandie, à Deauville. Cet automne permettra encore d’assister à quelques soirées inoubliables, comme celles que nous réserve le chorégraphe Tao Ye. De renommée internationale, cet artiste a la particularité de numéroter ses créations. Le Théâtre de la Ville avait programmé ainsi 8 & 9 en 2019. C’est le tour de 13 & 14 de se produire en France en octobre, toujours au Théâtre de la Ville. Mais cette fois, après les plus grandes villes d’Europe, la compagnie se déplace aussi en Bretagne : Saint-Nazaire, Quimper, Brest.

Signalons, pour finir, une féérie exceptionnelle, à partir du 17 octobre et jusqu’en janvier 2025, organisée par le parc animalier breton des Terres de Nataé à Pont-Scorff (Morbihan) : Les Animaux de Lumière. A la nuit tombée, un parcours d’1,5 kilomètre s’illumine de plus de 60 structures éclairées, représentant de nombreuses espèces animales et florales, à des échelles impressionnantes. Destinée à sensibiliser le public sur la protection des espèces en danger, l’installation intitulée Illuminons le passé et le présent pour protéger le futur a été conçue et montée en partenariat avec le China light festival, dont le savoir-faire unique s’est déjà traduit par l’organisation de plus de trente événements en Europe.