Synthèse
Depuis quelques années, et notamment depuis l’abandon du projet de Centre national de la musique (CNM), le secteur musical a eu le sentiment d’accumuler les occasions manquées dans sa relation avec les pouvoirs publics. Même si de réelles avancées ont été observées, la politique publique de la musique paraît, à plusieurs égards, marquer le pas.
Le contexte s’est profondément renouvelé depuis 2011-2012. Malgré l’éclatement des acteurs, une forme de convergence s’esquisse au sein du champ musical. Après la forte décroissance du marché de la musique enregistrée, un nouveau modèle économique reposant sur le streaming s’affirme. Le dynamisme du spectacle vivant musical s’accompagne de l’arrivée de nouveaux acteurs poursuivant une stratégie intégrée, « à 360° ». L’internationalisation de la vie musicale s’accentue. Dans ce contexte, trois principaux besoins se font jour : l’observation, l’appui au développement international et le soutien, dans une optique de diversité culturelle.
Le projet d’un centre national chargé de missions d’intérêt général, au bénéfice de l’ensemble de la vie musicale, et au premier chef des artistes qui en sont l’âme, permettrait de répondre à ces enjeux. Surtout, il pourrait participer, à l’heure de la révolution numérique, d’une nouvelle ambition pour la politique musicale, après les deux phases fondatrices qu’ont constitué les années 1960 et les années 1980. Pour cette raison, la constitution d’un nouvel établissement public, succédant au Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV), est indissociable d’une réaffirmation du rôle et des missions de l’État, seul à même de porter une vision stratégique intégrant l’ensemble des composantes de la politique musicale et portant l’intérêt général. Il ne saurait s’agir, par conséquent, de constituer une grande « agence de la musique » ou un hypothétique « CNC de la musique » : cette option irait à l’encontre de l’histoire, de l’organisation et des singularités économiques de la politique publique de la musique.
Une approche graduelle pourrait, dans cette perspective, être privilégiée. La constitution d’un centre national ne devrait pas seulement être perçue comme un aboutissement, mais aussi comme le cadre propice pour apporter à la filière musicale les réponses aux enjeux auxquels elle sera confrontée à l’avenir.
Les propositions présentées ici, qui pourraient conduire à la création du nouvel opérateur dès 2019, sont évoquées de longue date. Pour autant, les difficultés soulevées par leur mise en oeuvre ne doivent pas être sous-estimées. Les échecs successifs des projets de centre national dédié à la musique ont mis en doute la volonté, sinon la capacité de l’État, à créer un jour un tel établissement. Ajoutées aux préoccupations souvent divergentes de nombre d’acteurs, elles impliquent que la concrétisation d’un tel projet soit l’objet d’un réel engagement de l’État.
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