Consacrer un numéro au patrimoine de l’hygiène peut sembler paradoxal alors que les notions d’hygiène qui sont aujourd’hui les nôtres semblaient acquises depuis longtemps. Pourtant, l’irruption en 2020 de la pandémie de COVID-19 nous a brutalement rappelé l’étroitesse des liens entre la santé, la propreté et l’hygiène. Aussi est-il particulièrement opportun de rassembler les études les plus récentes sur ce domaine du patrimoine de l’hygiène, en le considérant dans toutes leurs dimensions culturelles : historiques, archéologiques, techniques, politico-administratives, artistiques, matérielles et immatérielles, sans faire l’impasse sur la sociologie et l’ethnologie.

L’ambition de ce numéro d’In Situ est double : il vise à rassembler les thématiques de l’hygiène des personnes, le rapport au corps dans son intimité ainsi que celles de l’hygiène de l’espace public, tout en contribuant à dresser un état des lieux de la patrimonialisation des objets et constructions de ce domaine. À ces fins, les études relèvent d’une approche chronologique large – de l’Antiquité à nos jours – en France (l’appel à contributions n’a été relevé que par des auteurs français), en milieu urbain comme en milieu rural, et concernent aussi bien le patrimoine bâti, architecture et ouvrages d’art, que le patrimoine mobilier, les théories (législations, communications) et les pratiques.

La typologie des équipements est vaste : réseaux d’égouts, de canaux et de canalisations d’eau courante, fosses, réservoirs, fontaines, bornes-fontaines, lavoirs, bains-douches, piscines, châteaux d’eau, salles d’eau et de bains avec leur mobilier, toilettes publiques. Il en est de même des catégories de sources, privées et publiques, vestiges archéologiques, objets et équipements eux-mêmes, archives papier (plans, dessins techniques).

Autour du fil conducteur qu’est l’apport en eau courante, vecteur majeur de l’hygiène, les axes choisis au regard des contributions retenues sont les équipements urbains et ruraux de l’hygiène d’une part, dans lequel s’inscrivent six contributions ; l’architecture et les objets de l’hygiène du corps d’autre part, qui en présente neuf. Nombre d’entre elles abordent la question de la patrimonialisation.

In Situ. Revue des patrimoines, publiée par le ministère de la Culture – Direction générale des Patrimoines et de l’Architecture, offre aux professionnels du patrimoine et aux chercheurs l'opportunité de diffuser et de valoriser les résultats de leurs travaux portant sur la connaissance, la conservation et la transmission des œuvres et des objets dont ils ont la responsabilité ou qu'ils étudient. Elle a pour ambition de favoriser les échanges entre les différents acteurs et entre les nombreuses disciplines qui constituent les sciences du patrimoine. Elle met à disposition du public les connaissances ainsi produites.