Dans le cadre de l’expérimentation 100% EAC, l’une des mesures phares du plan d'action en faveur de l'éducation artistique et culturelle présenté le 17 septembre dernier, Alice Zeniter a été invitée en résidence en milieu scolaire à Guingamp , l'une des dix villes-laboratoires à expérimenter le 100% EAC. La romancière et dramaturge revient avec nous sur le déroulement de cette véritable aventure artistique et culturelle, initiée par le théâtre du Champ au Roy.
Avec votre compagnie, L'Entente Cordiale, vous avez pris, du 17 au 21 septembre, vos quartiers au sein du collège Jacques Prévert, à Guingamp, dans le cadre de l'expérimentation des villes 100% EAC. Que pensez-vous de cette initiative ? Pourquoi vous semble-t-il important, aujourd'hui, de valoriser l'éducation culturelle et artistique ?
Pour nous, cette initiative est cruciale parce que nous travaillons à la mise en scène d'un spectacle jeune public. Trois des comédiens joueront pour la première fois une pièce jeunesse et se posent énormément de questions sur la différence de réception qu'il peut y avoir entre enfants et adultes. Nous nous demandons souvent ce que les figures de notre conte racontent aux enfants d'aujourd'hui. Cette résidence en milieu scolaire était le moment de poser directement ces questions à deux classes d'élèves de sixième.
Par ailleurs, elle permet aussi de tisser un lien particulier entre ces élèves et le spectacle: ils savent qu'ils ont participé à la réflexion antérieure à la création. Cette pièce est un peu "à eux". Je crois que cela contribue beaucoup à pouvoir faire du théâtre une pratique culturelle qui ne leur paraît ni effrayante, ni ennuyeuse.
Que vous apporte ce genre d'exercice ?
Il permet d'abord de créer de la joie, je ne vais pas vous mentir. Pour moi, à la fin d'un atelier réussi, les élèves ont un grand sourire et moi aussi. Il permet aux enfants, comme je l'ai dit plus haut, de peut-être dépoussiérer une certaine idée de ce qu'est le théâtre (ou pire : l'écriture théâtrale). Il nous permet à nous, comédiens, auteur, metteur en scène, de comprendre quels sont les marqueurs culturels communs à une certaine tranche d'âge qui peuvent nous avoir tout à fait échappé (les danses tirées du jeu vidéo Fortnite, par exemple).
Cette résidence permet d'abord de créer de la joie. Pour moi, à la fin d'un atelier réussi, les élèves ont un grand sourire et moi aussi
Comment réagissent les élèves ?
C’est la première fois que je me livre à ce genre d’exercice mais j’ai trouvé, en l’occurrence, que les élèves de ces deux classes étaient très généreux, curieux, prêts à discuter de beaucoup de choses, à écrire malgré des niveaux très différents. La discussion sur la Sorcière autour de la question "Pensez-vous que l'on naît méchant ou qu'on le devient ?" a été particulièrement passionnante pour moi.
Dans le podcast La Poudre, de Lauren Bastide vous évoquez l'importance de votre imaginaire enfantin dans votre vie d'auteur. Quelle place a occupé la culture dans votre jeunesse ?
La lecture a occupé une place immense, le reste beaucoup moins. Ça n'a pas beaucoup changé, en vérité. Il n'y a simplement plus d'adultes pour me retirer les livres des mains et m'envoyer jouer dehors. L'adulte, c'est moi - aussi bizarre que ça paraisse.
Romancière et dramaturge, Alice Zeniter est notamment l’auteur de l’Art de Perdre (Flammarion), prix Goncourt des lycéens 2017.
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