Anciens centres de production souvent abandonnés dans la deuxième moitié du XXe, les friches industrielles se transforment aujourd’hui en lieux de vie. Leur réhabilitation donne naissance à des projets urbains et architecturaux qui répondent aux exigences contemporaines tout en s’inscrivant dans une démarche respectueuse de l’environnement. Ces nouvelles méthodes s'inscrivent dans la 9e édition des Journées nationales de l'architecture, placées cette année sous le thème « Nouvelles vies des bâtiments et nouvelles pratiques de l’architecture ».
Ces chantiers de réhabilitation s'inscrivent ainsi dans une démarche de régénération urbaine pour redonner une utilité sociale et économique à ces sites tout en conservant leur patrimoine. Cela se traduit par la création de lieux multifonctionnels et mixtes où peuvent se mêler logements, commerces, bureaux, équipements publics et espaces culturels. Ils sont également un outil de réancrage de ces sites dans la ville, de redynamisation d'un quartier et d’amélioration du cadre de vie de ses habitants. Zoom sur quelques opérations menées sur tout le territoire.
La Belle de Mai à Marseille, projet emblématique
L’un des premiers projets de ce type en France, et l’un des plus emblématiques, est la réhabilitation de la Friche la Belle de Mai à Marseille. Fermée en 1990, cette ancienne manufacture de tabac de 45 000 m2 a été progressivement réinvestie par des acteurs culturels de la ville dès 1992. En 1995, l’architecte Jean Nouvel en devient le président et élabore un « projet culturel pour un projet urbain visant à ne plus séparer les dimensions culturelles et urbaines ». Il défend l’idée de la permanence artistique comme agent indispensable du développement urbain.
Au début des années 2000, différents pôles sont créés et plusieurs schémas directeurs proposent « de composer avec l’existant en structurant des lieux adaptés à la ville et aux 70 structures culturelles et associatives qui s’y sont progressivement installées ». En 2007, une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) est créée. Présidée par l’architecte Patrick Bouchain, elle a pour mission d’amplifier la mutation de cet espace. Plus de 30 ans après son ouverture, ce tiers-lieu de création et d’innovation abrite des théâtres, des studios d’artistes, des bureaux, une crèche, des commerces et des espaces de loisirs. Il accueille près de 450 000 visiteurs par an et est devenu un espace culturel et de vie incontournable de la ville et de la région. Pour les Journées nationales de l'architecture, une conférence sous forme de dialogue entre l’architecte Nicola Delon et l'artiste Benoît Bonnemaison-Fitte est organisée sur le site.
Plusieurs autres projets de ce type ont vu le jour en France ces dernières décennies. À Lille, l’écoquartier de Fives-Cail a été aménagé sur le site d’un ancien complexe sidérurgique. Il rassemble des logements, des commerces et des espaces verts. À Lyon, l’ancienne usine de sucre « La Sucrière » fait aujourd’hui partie intégrante du quartier Confluence. Elle est devenue un lieu emblématique accueillant des activités de loisirs et des événements culturels, tels que la Biennale d’art contemporain de Lyon. À Paris, la « Halle Freyssinet » a été transformée en « Station F ». L’ancien hangar ferroviaire a été réaménagé en incubateur de startups, tout en conservant son architecture d’origine. Il est aujourd’hui l’un des principaux centres d’innovation de la capitale.
Une réhabilitation au service de la transition écologique
La réhabilitation des friches industrielles revêt également un caractère écologique car elle redonne vie à des friches industrielles et participe à la création de nouvelles formes de quartiers urbains. Elle donne naissance à des espaces hybrides où se côtoient résidents, entrepreneurs et artistes, favorisant ainsi la cohésion sociale et l’innovation. Elles deviennent des centres de vie intégrés, durables et tournés vers l'avenir.
La réutilisation de tout ou partie des structures existantes limite l’étalement urbain, la consommation de ressources naturelles, les démolitions, et donc la production de déchets. C'est pour cela que l'architecture modulaire est également souvent privilégiée dans ce type de projet car elle permet de reconfigurer facilement les espaces pour répondre à l’évolution des besoins et des usages des occupants, sans avoir à détruire ou reconstruire la structure existante. La valorisation du bâti est aussi l’occasion d'améliorer la performance énergétique du site par l'isolation thermique, l'installation de panneaux solaires, une gestion durable des eaux ou encore l'utilisation de matériaux durables.
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