Elle est publiée chaque année le 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. La carte du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) est une photographie à l’instant T de la situation de la liberté de la presse, partout dans le monde. Un outil dont s’empare chaque année la Maison des journalistes dans le cadre du dispositif Renvoyé Spécial. Ce programme de sensibilisation a été créé en 2006 pour les lycéens en partenariat avec le Clemi (le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information) pour « répondre à un besoin social, selon Oumaima Charaf, chargée de mission communication et sensibilisation. Les objectifs sont d’ouvrir le dialogue avec les lycéens, les sensibiliser au respect des valeurs fondamentales et citoyennes, leur faire comprendre les enjeux de privation de liberté et l’importance de la liberté d’expression dans les sociétés, connaitre d’autres réalités et enfin contribuer à l’enrichissement de leur expérience personnelle. C’est aussi un outil d’éducation aux médias et à l’information. »
Témoignages de journalistes exilés
Près de dix ans plus tard, Renvoyé Spécial a fait des petits s’adresse désormais à un public plus large avec Renvoyé Spécial PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) pour les jeunes placés sous protection judiciaire âgés de 15 à 18 ans, incarcérés ou non. « En 2015, après les attentats de Charlie Hebdo, nous avons reçu beaucoup de demandes d’intervention. De nouveaux publics se sont rendus compte de la nécessité des dispositifs comme Renvoyé Spécial. Il fallait adapter notre programme dans ce nouveau cadre », explique Oumaima Charaf. Au total, en 2023, 13 rencontres ont eu lieu au total avec des groupes venus de toute la France. Renvoyé Spécial PJJ est soutenu par le ministère de la Culture et de la Justice dans le cadre de l'appel à projets Culture et Justice pour la mise en œuvre d'un programme d'actions culturelles pour les personnes placées sous main de justice.
Renvoyé Spécial a ainsi lancé un kit pédagogique en ligne qui a bénéficié à 359 personnes l’an dernier, rempli de données sur le journalisme et ses pratiques, la liberté d’expression ou encore les migrations et les parcours d’exil. Chaque rencontre est préparée en amont avec les éducateurs, afin de cerner au mieux les besoins de chaque groupe. Le dispositif repose ensuite sur l’échange et le témoignage avec généralement deux rendez-vous. Le premier est l’une des spécificités de Renvoyé Spécial PJJ : une visite de la Maison des journalistes « C’était important car cette visite nous permettait d’expliquer ce qu’est la Maison des journalistes et comment fonctionne l’association », souligne Oumaima Charaf.
Un travail sur la liberté de la presse
Des expositions sur le dessin de presse ou les migrations permettent de préparer le second rendez-vous, à savoir un temps d’échange avec un journaliste. Ce dernier axe semble d’ailleurs retenir toute l’attention des jeunes. « Là où les lycéens sont plus scolaires puisqu’ils ont préparé la rencontre en amont, les jeunes sous PJJ procèdent plus par des échanges, des questions-réponses, et sont donc plus spontanés. Nous avons donc préféré privilégier les rencontres, poursuit Oumaima Charaf qui imagine pour la suite des nouveaux formats de restitution comme l’écriture d’un journal. On souhaite que ces rencontres aboutissent à la fin sur un projet. On réfléchit à comment mener une interview, ce qui va amener à présenter les différents métiers du journalisme. »
La liberté de la presse est l’un des axes sur lequel travaille l’association lors de ces rencontres avec cette carte du Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF). « Les jeunes ont conscience que cette liberté est menacée. On discute du classement de la France, on échange sur la raison de ce rang et on compare les différents pays. On rappelle l’importance d’avoir des médias indépendants et on parle de thématiques comme la concentration des médias. » Ils travaillent également sur des thèmes centraux de l’éducation aux médias et à l’information comme les infox. « Dans les questionnaires que nous leur adressons, nous avons remarqué que ces jeunes n’ont pas confiance en les médias et le mot "mensonge" revenait plusieurs fois. S’ils comprennent qu’ils peuvent être acteurs de l’information, alors ils peuvent retrouver cette confiance. »
La Maison des journalistes, lieu d’accueil pour les professionnels des médias exilés
Il s’agit d’une initiative unique au monde. La Maison des journalistes, association créée par la journaliste Danièle Ohayon et le réalisateur Philippe Spinau, accueille depuis 2002 des professionnels des médias menacés dans leur pays d’origine et exilés en France. Son action première est l’hébergement dans son bâtiment de 14 chambres et l’accompagnement social dans les démarches élémentaires : demande du droit d’asile, procédures administratives diverses, recherche d’un logement etc.
Chaque année, elle organise une centaine de rencontres via le dispositif Renvoyé Spécial, ainsi que des expositions autour de la liberté de la presse. Elle a également créé L’œil, son propre média en ligne, véritable fenêtre d’expression de ces journalistes menacés dans leur pays d’origine.
Partager la page