Le projet Archi-Folies 2024, à travers lequel les étudiants des vingt écoles d’architecture se sont vu confier la réalisation des pavillons des fédérations sportives dans le cadre de Paris 2024, n’a cessé, tout au long de ses différentes étapes, de remporter tous les suffrages.
A commencer par ceux de la haute fonctionnaire à la transition écologique et au développement durable au ministère de la Culture, Karine Duquesnoy, qui y voit « un passionnant exemple de pédagogie active ». « Les Archi-Folies sont une illustration parfaite de ce vers quoi il est possible aller, dit-elle. Tant en matière d’enseignement, avec des étudiants qui sont amenés à concevoir et comprendre le geste de la construction dans le contexte de la transition écologique, que sur le plan des façons de construire avec en particulier un cahier des charges précis concernant les matériaux utilisés ».
Une philosophie dont témoigne encore l’ultime phase du projet, celle du démontage puis du remontage des pavillons sur leurs nouveaux lieux d’implantation. Illustration avec les pavillons construits par les écoles nationales supérieures d’architecture (ENSA) de Clermont-Ferrand, de Bretagne, et de Paris-La Villette.
Le pavillon de l’ENSA de Clermont-Ferrand repris par la ville de Cébazat
C’est dans une posture résolument « militante » que l’École nationale supérieure de Clermont-Ferrand a rejoint l’aventure Archi-Folies 2024, avec la claire intention, résume Quentin Chansavang, référent du projet pour l’école, de faire en sorte que « le résultat de cette expérimentation, exceptionnelle dans son envergure, soit à la hauteur des enjeux environnementaux et sociaux ». Résultat : un pavillon, celui de la Fédération française de cyclisme, qui fait la part belle aux matériaux locaux et naturels de la région avec en particulier des poteaux lestés de pierres volcaniques. Un pavillon, en outre, dont la forme rappelle le sport représenté tout en restant neutre en l’absence d’une reprise par la Fédération française de cyclisme. Ceci afin de faciliter son usage ultérieur au profit de la commune de Cébazat, laquelle s’est « déclarée candidate à la reprise du pavillon à la suite d’une audition de l’école au Conseil métropolitain de Clermont-Ferrand », se rappelle Quentin Chansavang.
Le pavillon va être remonté au sein d’un vaste complexe sportif composé de « trois terrains de football ». Une installation assortie dans sa phase préparatoire, conformément au souhait de la commune, d’études techniques qui vont continuer à mobiliser les étudiants. Pour leur plus grand plaisir devine-t-on. « J’ai fait une série d’entretiens avec eux, tous sont dithyrambiques, assure Quentin Chansavang, ils ont insisté sur l’interaction sociale, le chantier. Quand on réalise un ouvrage, on a les mains prises, c’est concret, cela donne du sens ».
Le pavillon de l’ENSA de Bretagne repris par la Fédération française de tir à l’arc
Le partenariat entre l’École nationale supérieure d’architecture de Bretagne et la Fédération française de tir à l’arc a été scellé dès le début du projet Archi-Folies dans le même temps qu’il a acté une reprise de la structure par la fédération elle-même. « ll en est résulté non pas un mais trois pavillons car la fédération avait déjà en tête trois lieux d’implantation différents, en l’occurrence trois clubs de tir à l’arc », précise Didier Briand, directeur de l’ENSA.
De fait, la structure, baptisée « Ty Arc’h », conçue par les étudiants de l’ENSA de Bretagne, dont Didier Briand salue « l’énorme et remarquable travail » est organisée en trois volumes distincts. Autour d’un espace central couvert, elle s’inspire des abris de pratique ancienne du tir à l’arc à l’extérieur dont elle reproduit les couleurs naturelles, avec notamment des volumes recouverts de liège sombre rassemblés autour du centre dédié à l’apprentissage du tir. Alors que les pavillons sont en cours de remontage dans les trois clubs d’Ile-de-France qui les accueillent, Didier Briand met l’accent sur la portée globale du projet Archi-Folies 2024, « magnifique opération pour l’ensemble des écoles d’architecture ».
Le pavillon de l’ENSA de Paris-La Villette repris par Les Noctambules, école de cirque et lieu de fabrique des Arènes de Nanterre
Troisième exemple, celui de la Fédération française de lutte et disciplines associés (FFLDA) conçu par les étudiants de l’Ecole nationale supérieure de Paris-La Villette qui est repris par la compagnie des arts du cirque « Les Noctambules » située à Nanterre. Le mieux, ici, est de laisser la parole à sa co-directrice Satchie Noro : « C’est le scénographe et constructeur Silvain Ohl, partenaire de longue date, qui nous a mis sur la piste du pavillon Archi-Folies », détaille l’acrobate et chorégraphe que mobilise en cette rentrée le chantier – suivi de près par la DRAC d’Ile-de-France – de la relocalisation des Noctambules. « Quand il a découvert le pavillon, Silvain Ohl en a tout de suite vu le potentiel. C’était la structure parfaite selon lui pour le troisième chapiteau dont nous avons besoin dans le cadre de notre relocalisation. Un chapiteau qui, à côté de ceux respectivement dédiés à l’accueil des artistes en résidence et à la transmission, a vocation à être un lieu complémentaire de travail pour les artistes ».
Pas une minute à perdre, donc. Une semaine après que Silvain Ohl a informé l’équipe des Noctambules de l’existence du pavillon, une équipe était à pied d’œuvre mi-septembre pour démonter le pavillon dont les éléments vont être stockés avant d’être remontés. Satchie Noro n’en revient toujours pas : « C’est un gain de temps et d’argent, une vraie aubaine. Mais surtout, ce qui est formidable, c’est que cette structure construite par des étudiants en école d’architecture va avoir une seconde vie dans le monde des arts ». Quel plus bel hommage ?
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