14.0905 - Parc Sévigné
Sainte-Marguerite, nord-ouest du 9e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0905, p 18. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Parc Sévigné & Nouveau Parc Sévigné
38 rue aviateur Lebrix et avenue de La Magalone, quartier Sainte-Marguerite 13009
Lambert 3 : latitude 3.06555 ; longitude 43.263
Accès : métro 2 : Bougainville - Sainte-Marguerite
bus 22 : rond-point Prado - Les Baumettes, bus 46 : Sainte-Marguerite - Valmante
propriétaire : Syndicat des copropriétaires
Conseil syndical de gérance, 6 rue Carnavalet, 13009, 04 91 71 11 85
programme : Ensemble de 1 009 logements type Logéco.
Maître d'ouvrage : Zographos, promoteur constructeur.
Ensemble de 7 immeubles, équipements médico-sociaux, commerciaux et sportifs intégrés.
dates, auteurs : Permis de Construire 1e tranche (Parc Sévigné), 1957-61, 2e tranche (Nouveau Parc Sévigné), 1961-63.
André Chrysocheris et Jacques Berthelot, architectes.
Entreprises Zographos.
site : Entre Sainte-Marguerite et Sainte-Anne, site de l'ancienne bastide La Magalone. Pente vers l'ouest en direction de la Gouffone. Proximité de la Cité Radieuse. Altitude entre 24,40 et 16,50 m. Secteur d'habitation discontinue E sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Implantation de part et d'autre de l'ancienne allée de la bastide. Trois tours orientées est-ouest et barres nord-sud. Plan organisé sur des nappes basses (plaques) comprenant les équipements et galeries reliant les immeubles d'habitation. Épannelage : tour R+20 à 23, barres R+3 à 17.
bâti : Ossature apparente en béton armé avec remplissage par éléments de bétons peints et panneaux menuisés. Immeubles d'habitations fréquemment distribués par coursive. Très bon état général.
sources : AD : 2071 W 10 (35.489), 165 W 169
Base de données RCF
Revue Technique et Architecture n° 6, 1962
Revue Prado n° 2, 1966
Revue Architecture d'Aujourd'hui n° 104, 1962
Contexte :
Le groupe d'habitations est situé sur les terrains d'une ancienne bastide du XVIIIe siècle, la Magalone, dont le domaine a été divisé par le boulevard Michelet et dont la partie la plus à l'ouest est occupée par la Cité Radieuse. La bastide était desservie, depuis l'est, par une longue allée d'arbres qui deviendra un élément organisateur du plan de masse. La confrontation avec la Cité Radieuse est évidente, mais alors que l'essentiel des réponses à ce vis-à-vis se fait par des immeubles cintrés et isolés (Le Trioulet, La Verdière et Le Brasilia), le plan masse du parc Sévigné compose avec plusieurs types de bâtiments : tours, barres et plaques sur une conception plus avancée de l'espace.
En effet, si la Cité Radieuse, avec son monument monolithe, n'entretient avec le sol qu'un rapport de séparation grâce aux pilotis, le projet de Berthelot et Chrysochéris cherche à maintenir une échelle proche avec les activités au sol. Soit en transformant les pieds d'immeubles en soubassement de deux, trois étages, soit en créant des socles plus étendus qui contiennent des équipements urbains. L'ensemble constituant des galeries, liaisons couvertes entre bâtiments, articulant les grands volumes de la ville dense et les nappes de l'échelle proche.
Cette réflexion sur ces enchâssements de la ville dense a déjà lieu à Manhattan où, en 1952, le Lever House de l'architecte Gordon Burnshaft (S.O.M) étage une construction basse de deux niveaux qui occupe entièrement la surface de l'îlot au-dessus de laquelle émerge le gratte-ciel connu pour son mur-rideau auto-lavable. En 1958, le SAS Royal Hôtel de Copenhague de l'architecte Arne Jacobsen reprend ce schéma superposant la nappe basse et la tour. Cette réalisation deviendra le modèle du building à l'européenne, laissant envisager la cohabitation de la ville dense moderne et de la ville historique. Dans les compositions moins tenues par des contingences urbaines, les nappes basses vont redessiner l'espace au sol, réordonner les circulations indépendamment des masses bâties. Du reste, le second projet d'implantation de la Cité Radieuse à Marseille n'était-elle pas de ce côté du boulevard Michelet et Le Corbusier n'envisageait-il pas de relier l'immeuble aux programmes annexes et à l'alignement du boulevard par un réseau de galeries et d'espaces couverts ?
Description :
Le plan de masse compose trois tours sensiblement parallèles au boulevard Michelet, 3 barres à l'équerre de cette direction et plusieurs constructions basses en nappe, avec l'allée de la bastide qui divise l'opération en deux phases. La première tranche plus au sud s'organise dans la tension avec la courbure de l'immeuble voisin, le Trioulet (1954, J. Rozan). Une tension résolue par un plan en manivelle enchaînant une des tours, une barre de plus de 150 m et une barrette en retour.
L'intervalle entre les deux opérations contient un axe frontal de la Cité Radieuse ménageant un cône de vue sur celle-ci. La barre est formée d'un soubassement de 3 ou 4 niveaux selon les variations de la pente du terrain, surmontée dans sa partie centrale par un immeuble de 17 étages. Si la structure est la même pour les deux parties de l'immeuble, les façades sont traitées différemment. Le soubassement systématise l'expression de la structure, le corps de façade décrit une division en quatre parties séparées par une travée de circulations verticales et deux niveaux successifs. On notera encore que les superstructures en toiture sont couvertes par des voûtains de béton fermés par des claustras. Enfin la distribution se fait par des coursives, le niveau des appartements se situant au-dessus de celui de la circulation commune.
Passée l'allée de la bastide, la composition de tour, barre, nappe est généralisée, ce qui redessine l'espace au sol à partir d'un vide central baptisé forum par les auteurs, et autour duquel se distribuent les éléments d'un centre commercial comprenant succursale de banque, restaurant, brasserie, pharmacie et diverses alimentations. L'ensemble est bordé de circulations couvertes et de galeries qui desservent à la fois commerces et logements. Cette nappe qui réunit les principaux immeubles de cette seconde tranche est aussi percée de patios et creusée d'encoches qui éclairent les galeries. Jardins et surfaces dédiées aux activités sportives sont largement représentés mais aussi aire de spectacle ouverte, kiosque à musique ainsi qu'une église qui ne sera jamais réalisée.
Les immeubles reprennent les schémas architecturaux de la première tranche : les deux tours aux épannelages dégressifs avec un double étage de superstructure en toiture, la grande barre plus au nord avec un soubassement de deux et trois niveaux variant selon la pente du terrain et dont les acrotères restent à hauteur constante. Cette barre est aussi alignée avec celle de l'opération voisine, La Cravache (1958, A. Devin) ce qui indique la recherche d'une mise en place cohérente entre les différents ensembles.
Auteurs :
André Chrysocheris,
architecte français, né en 1915 Istamboul, élève de Paul Tournon, diplômé en 1942, est inscrit à l'ordre des architectes en 1953.
À Marseille, il a réalisé :
1955-57, immeuble d'habitation social, rue d'Alger,
1956-57, immeuble d'habitation, chemin du Rouet,
1957, immeuble d'habitation, 46 boulevard C. Flammarion,
1957-62, ensemble immobilier Beauvallon, Mazargues,
1958-61, ensemble immobilier Parc Corot, Saint-Just,
1960, immeuble d'habitation social, 139 avenue des Olives,
1962, ensemble immobilier Le Goya, avenue du Prado avec B. Laville, N. Mazoyer et C. Zubiena,
1964, immeuble d'habitation La Désirée, Le Cabot,
1961-64, ensemble immobilier La Mongrane, Saint-Just,
1963, groupe d'habitation La Rouguière, Saint-Marcel,
1967, ensemble immobilier La Sauvagine, Saint-Jérôme,
1971, immeuble d'habitation La Viste 2, Saint-Louis,
1972, immeuble d'habitation La Moularde, Les Caillols,
1972, immeubles d'habitation Le Collet des Comtes,
1974, immeubles d'habitation Les Amaryllis, Notre-Dame Limite.
Jacques Berthelot (1908-1998),
élève de Paul Tournon, sera architecte d'opération sur la reconstruction du quai Cronstadt à Toulon avec J. de Mailly. Il participera à la réalisation de plusieurs résidences étudiantes à Saint-Charles (Gaston Berger) en 1965 et à la Timone (Lucien Cornil) en 1967.
Par ailleurs, il contribuera aussi au programme du Secteur Industrialisé à Marseille pour les opérations de Consolat-Mirabeau et de la Rouguière entre 1961 et 1963.
Fichiers associés :
- Carte du 9e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
Partager la page