Avec Jacques Le Goff disparaît une figure majeure de notre paysage intellectuel. En plus de soixante ans de recherches, de publications et d’enseignements, il aura contribué de façon exceptionnelle à l’enrichissement de nos connaissances et au progrès de la science historique.
La passion de Jacques Le Goff était le Moyen Age. Ses travaux l’ont amené à en étudier toutes les dimensions. Il s’attacha aux grandes figures historiques et sa biographie de saint Louis fait autorité. Mais il se pencha aussi sur les mouvements plus secrets de l’histoire, celle des transformations économiques, des familles intellectuelles et de la spiritualité. Dans la tradition de l’école des Annales, il illustra donc pleinement cette vision complète de l’histoire qui s’attache autant aux événements qu’aux mentalités pour décrire et comprendre une époque. La civilisation de l’Occident médiéval, somme magistrale de ses recherches, est un ouvrage indispensable pour rendre accessible cette période historique.
Mais Jacques Le Goff était aussi un homme de son temps. Refusant les carcans de la périodisation historique traditionnelle, il s’attachait systématiquement à déceler dans notre monde contemporain l’héritage souvent caché des périodes antérieures. Il a notamment mis en évidence les racines profondes de la construction européenne et le lien indissoluble qui la rattache à l’histoire de notre continent. Son travail d’historien s’est constamment accompagné d’un questionnement sur sa discipline, sur la manière dont on peut Faire de l’histoire, ouvrage de référence qu’il dirigea avec Pierre Nora.
L’apport de Jacques Le Goff aux progrès de la science historique et à l’enrichissement du débat d’idées est inestimable. Il nous reste le legs précieux d’une œuvre riche, d’une rigueur exemplaire, et qui nourrira pendant longtemps encore le débat historique, culturel et intellectuel.
J’adresse à sa famille et à ses proches mes condoléances les plus sincères.
Communiqué de presse
Hommage d'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, à Jacques Le Goff
Publié le 01.04.2014
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