Le 22 janvier 2024, la ministre de la Culture a lancé le « Printemps de la ruralité », concertation nationale organisée avec les habitants et les élus des territoires ruraux ainsi que les acteurs du monde culturel et ceux de la vie associative. Afin d’enrichir la réflexion et de mettre en perspective les contributions, le Premier ministre et la ministre de la Culture, par lettre en date du 14 mars, ont souhaité confier à une parlementaire une mission sur la mobilité pour l’accès à l’offre culturelle en milieu rural.
La mission, qui a mené ses travaux dans un délai très contraint, a procédé à de nombreuses auditions (au total plus de soixante-dix personnes membres d’une trentaine d’institutions) et reçu des contributions écrites qui ont utilement nourri ses travaux et suggéré les pistes de réflexion ainsi que la quarantaine de propositions formulées dans le présent rapport.
L’enjeu de la mission a été d’évaluer l’impact des mobilités sur l’accessibilité de l’offre culturelle par les publics en milieu rural et les dispositifs mis en place pour les favoriser, que ce soit en termes de mobilité du public vers l’offre culturelle ou de mobilité de l’offre culturelle à l’attention du public. Fort de cette évaluation, du recueil des attentes des acteurs, la mission a aussi eu pour objectif de proposer de nouvelles pistes d’actions impliquant tous types d’acteurs, de l’Etat central et déconcentre, mais aussi décentralisé, les acteurs de la mobilité et de l’ensemble du champ concourant au secteur culturel.
La mobilité est un enjeu central lié à la capacité des publics à accéder à l’offre culturelle en milieu rural. Dès 2019, le rapport Ruralités : une ambition à partager élaboré par l’association des maires ruraux de France (AMRF) a établi le constat d’une préoccupation des habitants en territoires ruraux à l’égard des enjeux de mobilités.
A ce titre, la consultation nationale menée dans le cadre du « Printemps de la ruralité » ainsi que le sondage du Consumer Science & Analytics (CSA) piloté par le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation, pour le compte de l’Inspection générale des affaires culturelles, ont fait ressortir les difficultés d’accès comme une des trois raisons principales limitant l’accès de l’offre culturelle au niveau territorial.
Le constat d’une problématique de mobilité dans les territoires ruraux a été très largement partagé par les nombreux acteurs auditionnés notamment au niveau ministériel. Face à ces problématiques identifiées, de nombreuses initiatives ont été développées en territoires pour améliorer l’accès à l’offre culturelle (Le fonds d’innovation territorial (FIT) ou les Micro-Folies à titre d’exemple). Cependant, ces initiatives n’ont pas pu bénéficier d’une visibilité leur permettant d’être développées ou étendues même si certaines d’entre elles ont montré leur efficacité.
Dès lors, le plan « France ruralités » de juin 2023 a intégré dans son axe 3 des mesures portant sur la mobilité, à titre d’exemple, la création d’un fonds de soutien de 90 M€ sur 3 ans pour accompagner les autorités organisatrices des mobilités rurales et leurs partenaires, dont les associations, dans le déploiement d’une offre de mobilité durable, innovante et solidaire dite du dernier kilomètre.
Au-delà de ces mesures, les missions successives traitant de ces initiatives ont détecté un manque de stratégie globale et étendu dans le temps, ne permettant pas de généraliser les initiatives prometteuses détectées à l’échelle locale et d’inscrire dans le temps long les dispositifs favorisant la mobilité.
Dans un premier temps, la mission a souhaité rappeler tous les constats, y compris les plus récents, qui attestent que les difficultés en matière de mobilité obèrent l’accès à l’offre des publics.
Elle a aussi analysé la nature des besoins en matière de mobilité pour chaque acteur concerné. Cette analyse, approfondie des attentes et des besoins, permet de conclure qu’une amélioration des mobilités pour un meilleur accès à l’offre culturelle en milieu rural repose en fait sur trois piliers : « aller vers » le public, « faire venir » le public et développer une stratégie ministérielle sur le temps long permettant de fixer les bonnes pratiques et de mobiliser l’ensemble des acteurs.
C’est donc dans le cadre de ces trois domaines que la mission a formulé ses propositions en se fondant notamment sur de nombreuses initiatives et dispositifs déjà déployés et nécessitant souvent une généralisation sur le territoire ou un approfondissement pour répondre pleinement aux attentes et aux besoins des acteurs culturels.
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