A l’instar de nombreux territoires de l’Hexagone, le département de la Moselle (Grand Est) s’est résolument investi dans le projet de l’Olympiade Culturelle où nombre de ses sites à vocation culturelle se sont mis à l’heure du sport et de ses valeurs. Qu’on en juge : les archives industrielles et techniques de Saint-Avold se pencheront sur le sport en entreprise, les archives départementales sur le sport dans les visuels et le musée de la guerre de 1870 et de l’Annexion sur le lien entre sport et guerre.
A partir du vendredi 13 octobre, c’est au tour du château de Malbrouck, un imposant – et splendide – édifice médiéval situé au sommet d’une colline, de proposer une exposition généreuse qui fait la part belle aux arts graphiques, mais pas seulement : « L’art de courir ». Conçu en partenariat avec le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, cet accrochage étonnant est consacré à l’engouement planétaire en faveur de la course à pied. Avec deux artistes de stature internationale : le photographe JR et le dessinateur Lorenzo Mattotti.
L’art de courir, une exposition foisonnante
Tout, dans cette exposition foisonnante, a de quoi séduire le visiteur. A commencer par sa profusion : dessins, photographies, vidéos, sculptures, objets et même travail sur le son… Ce dernier medium offrant d’ailleurs une immersion saisissante dans l’activité physique la plus pratiquée des Français (entre 12 à 15 millions d’entre eux selon les sources) : entre les bruits de la ville et de la nature, en passant par l’écoute de podcasts, c’est l’univers propre aux pratiquants de la course à pieds dont on se rapproche par l’intermédiaire de dispositifs sonores.
Une exposition séduisante également, en raison des thèmes abordés au gré du parcours : « la course à pied, un hymne à la liberté », « la course à pied investit la ville », « féminisation de la course à pied », « course à pied et écologie », « quand les révolutions technologiques révolutionnent les pratiques »… Sans oublier, en guise d’entrée en matière, une synthèse de l’histoire des Jeux Olympiques mettant les coureurs à l’honneur, à commencer bien entendu par ses premières légendes : les marathoniens des Jeux de la Grèce antique.
L’art de courir, priorité au corps
Point d’orgue de l’exposition : la présentation d'œuvres originales de Lorenzo Mattotti. On y reconnaît au premier coup d’œil le trait de l’illustrateur, coloriste de génie, qui est aussi peintre et auteur de bande dessinée italien dont les ouvrages sont traduits dans le monde entier. Sur l’une de ces œuvres, on devine la foule compacte des marathoniens – à New York, selon toute vraisemblance. Sur une autre, on voit deux coureurs à l’entraînement dont la foulée est si ample qu’elle semble faire jeu égal, du moins s’agissant des proportions, avec la nature qui entoure la scène. Leur visage est sans expression, comme si le corps seul existait.
Ce que l’œil reconnaît immédiatement, c’est la dimension onirique chez Mattotti, cette place toujours laissée à l’imaginaire, loin d’une lecture univoque. Les nombreuse œuvres originales présentées lors de l’exposition en témoigneront sans aucun doute de nouveau. Futur de circonstance car celles-ci seront d’abord dévoilées au festival international de la bande dessinée d’Angoulême – partenaire du département de la Moselle – avant d’être acheminées mi-mars au château de Malbrouck. Patience donc.
L’art de courir, un dispositif participatif
C’est un dispositif d’art participatif « Inside out », imaginé par le photographe JR en 2011, qui a été décliné par le département de la Moselle sous le titre « Inside out au château de Malbrouck ». Son but ? Célébrer la dimension universelle de l’univers de la course à pied et lui apporter une forme d’expression qui lui soit propre. Ainsi, plus de 500 « athlètes du quotidien » pratiquant la course à pied seront photographiés afin de générer l’impression de portraits grand format qui viendront recouvrir la façade du monument. Tous ensemble, ils formeront, à l’occasion de l’ouverture de l’exposition, une œuvre d’art originale et inédite.
Le projet « L’art de courir » à vocation à poursuivre sa course jusqu'à Paris – en passant fin janvier prochain par Angoulême – durant le déroulement des Jeux où il déploiera, aux côtés du Comité des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJO), avec ses partenaires fondateurs et d’autres acteurs, de nouvelles formes de créations et notamment des spectacles vivants.
Roman, BD, théâtre... la course à pied inspire les auteurs
Autoportrait de l’auteur en coureur de fond d’Haruki Murakami (éditions Belfond), Petit éloge du running de Cécile Coulon (éditions Les Pérégrines), sans oublier, bien sûr, Courir, l'un des chefs-d’œuvre de Jean Echenoz publié aux éditions de Minuit en 2008, qui retrace l’épopée légendaire du coureur hongrois Emil Zatopek... On ne compte plus le nombre d’écrivains que la course à pied inspire. La bande dessinée n’est pas en reste avec, entre-autre, un livre tel que Marathon de Nicolas Debon (2021), qui retrace, dans un récit à la fois sobre et onirique, le destin du coureur de fond El Ouafi Boughéra.
Les auteurs, donc, mais aussi le monde du théâtre : adapté du roman éponyme de Sylvain Coher dans lequel l’auteur faisait le récit de la course héroïque de l’éthiopienAbebe Bikila, vainqueur du marathon lors des Jeux Olympiques de Rome en 1960, le spectacle Vaincre à Rome, créé en 2021 par Thierry Falvisaner au théâtre Charbon à Orléans, sera présenté à la Criée, le Théâtre national de Marseille, du 11 au 13 janvier 2024. « Vaincre à Romeou la légende de l’homme-panthère capable de courir du coucher au lever du soleil, un texte de théâtre pour cinq interprètes qui par la voix, la danse et la musique propose un regard sur la vie d’Abebe Bikila à travers la mémoire de sa femme, Yewebdar » lit-on sur le site du théâtre Charbon.
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