Attributions
Le décret du 3 février 1959 transfère à Malraux d'une part les attributions du ministère de l'éducation nationale en ce qui concerne la direction de l'architecture, la direction générale des arts et lettres (DGAL), la direction des archives de France et d'autre part les attribution du ministère de l'Industrie et du Commerce en ce qui concerne le Centre national de la cinématographie ; enfin ce décret prévoir le transfert des éléments du service du Haut commissariat à la Jeunesse et aux Sports chargés des activités culturelles. Dans le décret du 22 juillet 1959 relatif à la composition du gouvernement, André Malraux prend le titre de "ministre d'Etat chargé des affaires culturelles"
Les axes prioritaires de sa politique
Sauvegarder et valoriser les grands monuments et les secteurs urbains remarquables
Malraux et son directeur du patrimoine René Perchet, soutiennent résolument la campagne de ravalement des principaux bâtiments de Paris lancée par le ministre de la Construction. La loi 62-824 du 21 juillet 1962 complète la loi de 1913 sur les monuments historiques. La loi programme du 31 juillet 1962 relative à la restauration de grand monuments historiques pour la période 1962-1966, dite loi des 7 monuments, permet d'importants travaux à Fontainebleau, Versailles, Vincennes, Reims, au Louvre, aux Invalides et à Chambord. La loi 62-903 du 4 août 1962 sur les "secteurs sauvegardés", permet de protéger les ensembles urbains historiques ayant conservé leur caractère et leur unité architecturale, le plus souvent en centre-ville. En 1970, quarante secteurs auront été sauvegardés. La deuxième loi programme du 28 décembre 1967 sur la restauration des monuments historiques pour la période 1968-1970 concerne une centaine de monuments dont la cathédrale de Strasbourg, Notre-Dame, l'abbaye de Fontevraud ...
Elargir le champ de la compétence patrimoniale
Le décret 64-203 du 4 mars 1964 institue la commission nationale chargée de préparer l'inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France qui se donne pour but le recensement canton par canton de l'ensemble des éléments du patrimoine "de la petite cuillère à la cathédrale". Malraux décide également de protéger au titre des monuments historiques plusieurs bâtiments construits au XIXème et XXème siècles.
Démultiplier l’offre culturelle d’excellence
Pour rendre accessible au plus grand nombre les œuvres majeures, Malraux décide d'implanter sur l’ensemble du territoire, des Maisons de la culture ouvertes à toutes les disciplines artistiques.Dans les années 60 sont ainsi inaugurées huit maisons de la culture : en 1961 au Havre, en 1963 à Caen, en 1964 à Bourges, en 1965 à Firminy, en 1966 à Amiens et Thonon, en 1968 à Grenoble et Rennes.
Mettre fin au système des Beaux Arts et à l'académisme
Concours et prix de Rome sont supprimés en 1968. L'Académie des Beaux-Arts et l'Institut de France perdent alors la tutelle de la Villa Médicis au profit du ministère de la Culture. À la rentrée scolaire 1968–1969, le ministre de la Culture soustrait l'enseignement de l'architecture à la tutelle de l'Académie des Beaux-Arts et crée une douzaine d’"unités pédagogiques d’architecture" (U.P.A.) sur tout le territoire.
Soutenir la création contemporaine
Le 20 octobre 1962, Malraux crée au sein de la DGAL, un service de la création artistique confié à Bernard Anthonioz et installe le 8 février 1963, une commission appelée à donner son avis sur les projets d'achats et de commandes d’œuvres d'art qui privilégie les artistes vivants. (En 1962, commande à Marc Chagall du plafond de l'Opéra de Paris et en 1963, commande à André Masson du plafond de l'Odéon). L'arrêté du 23 octobre 1967 crée le Centre national d'art contemporain (CNAC) pour l'aide aux artistes vivants dans le domaine des arts graphiques et plastiques. Deux lois permettent l'affiliation à la sécurité sociale des artistes du spectacle puis celle des artistes peintres, sculpteurs et graveurs.
Soutenir le cinéma français
Créée en 1959 (décret n°59-733 du 16 juin), l'avance sur recettes a pour objectif de favoriser le renouvellement de la création en encourageant la réalisation des premiers films et de soutenir un cinéma indépendant, audacieux au regard des normes du marché et qui ne peut sans aide publique trouver son équilibre financier.
En 1968, André Malraux qui, depuis 1958, a mis à la disposition d'Henri Langlois d'importants moyens financiers, tente de le priver de la direction administrative de la Cinémathèque française, tout en lui laissant la direction artistique ; il reproche en effet à Henri Langlois de négliger complètement l'administration, la comptabilité, la gestion et la conservation des films. Grâce à la création en 1969 du service des archives du film, pour la première fois le cinéma est pris en compte au même titre que l'architecture, la peinture, la sculpture comme activité artistique productrice d’œuvres à préserver et transmettre aux générations futures.
Inscrire la culture dans les plans quinquennaux
C'est en janvier 1961 dans le cadre de la préparation du IVème plan (1962-1965), qu'est constituée une Commission de l'équipement culturel et du patrimoine artistique qui sera reconduite en 1966 dans le cadre du Vème plan (1966-1970), (tranches régionales). C'est sur la préconisation de Jacques Delors, chef du service des Affaires sociales et culturelles du Commissariat général au plan, que sera créé en 1963 le service Etudes et Recherches au sein du ministère des Affaires culturelles confié à Augustin Girard.
Poser les premiers jalons de la déconcentration
Le 23 février 1963, une circulaire d'André Malraux crée auprès de chaque préfet coordinateur, un Comité régional des affaires culturelles (CRAC) composé de fonctionnaires locaux responsables des affaires culturelles ; l'un de leurs membres est désigné par le ministre pour exercer les fonctions de correspondant permanent ; ces Comités qui représentent la première forme de représentation transversale du ministère en région, sont associés à la préparation des plans régionaux d'équipement. Pour impulser et suivre la politique de déconcentration, l'on crée au sein de la direction de l'administration générale, un bureau de la programmation et de l'animation régionale (arrêté du 12 mars 1964). En 1969, Malraux adresse une lettre de mission aux trois premiers "directeurs régionaux des affaires culturelles" : Jean Dumas en Alsace, André Leboeuf en Pays de Loire et Claude Hiriard en Rhône- Alpes ; ce sont les précurseurs des vingt-deux autres DRAC qui seront créées au cours des dix années suivantes.
Refaire de Paris un centre artistique international
Pour que Paris puisse accueillir de grandes manifestations, le ministre lance la restauration des galeries du Grand Palais ; il est également à l’origine de plusieurs grandes expositions prestigieuses qui attirent un très large public : en 1959 la première biennale internationale des jeunes artistes, en 1960 “Cinq mille ans d'art indien”, en 1961 “Sept mille ans d'art iranien”, en 1967 “les trésors de Toutank-Amon”. Soucieux de développer le rayonnement artistique de la France dans le monde, il envoie également à l'étranger les deux plus célèbres chefs d'oeuvre du musée du Louvre : en 1963 la Joconde aux Etats-Unis et en 1964 la Vénus de Milo au Japon. C’est Jacques Jaujard, secrétaire général du ministère et président de l’Association française d'action artistique (AFAA), qui est dès 1962 officiellement en charge de cette politique. (En janvier 2011 l'AFAA devient l'Institut français).
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