Avec Leonardo Cremonini disparaît une grande figure de la peinture
figurative, un artiste élégant et profondément attachant, dont l’oeil
perçant avait su capter très tôt toute la violence prête à bondir de notre
siècle. Il savait aussi saisir avec une grande délicatesse la douceur des
paysages, en particulier les couleurs vives de nos plages normandes et
bretonnes, avec ce parfum de farniente hérité de son Italie natale.
C’était un grand et fidèle ami de la France, où il s’était installé à ses
débuts et où il était toujours revenu par la suite comme à une seconde
origine, que ce soit comme professeur à l’Ecole nationale supérieure
des beaux-arts de Paris ou comme membre de l’Institut de France, qui
l’avait reçu en 2001.
Nous perdons un homme généreux et engagé, un très bel artiste qui a
su transfigurer, pour les rendre aimables, nos occupations les plus
frivoles, comme nos passions les plus violemment humaines. Ce maître
de la couleur continuera longtemps de nous enchanter par ses visions
lumineuses.