Je voudrais souligner ce matin le succès d’une opération menée par la direction régionale des affaires culturelles de la région Île-de-France et le Centre Pompidou, qui illustre une fois de plus son inventivité et sa capacité à se projeter hors les murs pour aller à la rencontre de nouveaux publics, dans un partenariat réussi avec les collectivités locales.
Après Montreuil, Saint-Maur, Enghien, Sceaux, Saclay, l’opération « Un jour, une œuvre » poursuit son chemin en Île-de-France au Centre des Bords de Marne du Perreux, pour clore une première saison qui, depuis octobre, aura été en tous points une réussite.
« Un jour une œuvre » partage avec le Pompidou Mobile la même préoccupation pour le partage de l’expérience esthétique, en irrigant les territoires : le Pompidou mobile dans d’autres régions, « Un jour une œuvre » pour le territoire francilien - sans parler du Centre Pompidou–Metz où je me suis rendu à nouveau il y a quelques jours lors de sa visite par le Grand Duc de Luxembourg, et dont le succès indéniable, notamment en termes de fréquentation, depuis son inauguration en mai 2010 par le président de la République, est en train d’écrire une page très importante de l’histoire de la décentralisation culturelle.
Diffuser, éduquer, sensibiliser, c’est aussi susciter les événements, créer la curiosité nécessaire pour inciter à l’expérience esthétique. Le musée national d’art moderne crée ainsi l’événement en invitant l’artiste lui-même à présenter son œuvre, aussi bien dans des espaces consacrés à la culture que dans d’autres espaces communs : un lycée professionnel, une salle de mariage, un centre d’art. Sur une seule journée, elle invite de nouveaux publics à saisir une occasion de venir à la rencontre d’une œuvre dans des conditions exceptionnelles. Pour les professionnels de la culture, c’est aussi une occasion unique de prendre la mesure des attentes du public et de perfectionner leurs approches de la médiation.
Comme je l’ai à plusieurs reprises rappelé, la démocratisation culturelle, qui est un vieil objectif de ce ministère, presque aussi ancien que sa fondation, doit s’adapter à l’évolution des publics, explorer de nouveaux chemins. C’est cette nouvelle dynamique que j’ai voulu insuffler avec les actions du ministère en faveur de la culture partagée. Cette opération menée par la DRAC francilienne et le Centre Pompidou s’inscrit pleinement dans cette logique.
Cher Gilles Carrez, je tiens à saluer la volonté culturelle ambitieuse qui anime Le Perreux, en termes de programmation culturelle en matière de danse, de théâtre, de cinéma, et de la dynamique de son équipement principal, le Centre des Bords de Marne, sous la direction de Michel Lefeivre, pour son inscription dans le quotidien des perreuxiens, pour ses résidences d’artistes.
Après Bernard Rancillac, Gérard Garouste, Claude Viallat, Robert Combas, c’est le tour aujourd’hui de Gérard Fromanger de présenter une œuvre : En Chine, à Hu-Xian, de 1974, huile sur toile peinte lors d’un voyage chinois à l’initiative du cinéaste Joris Ivens, dont j’ai d’ailleurs eu l’honneur de recevoir l’épouse, Marceline Loridan, rue de Valois il y a quelques mois.
Cher Gérard Fromanger vous vous étiez déjà prêté au jeu à Orsay avec la même œuvre. Mais il est vrai qu’à la différence de certains de vos pairs, la parole ne vous effraie pas. Vous dites ainsi : « En fait tous les peintres parlent. Il y a un besoin de parler au-delà du tableau et de la peinture. D’abord, les gens ne comprennent pas ce que l’on fait. Parfois nous non plus mais nous en comprenons un peu plus que les gens en général. Nous avons une légère avance. Comment pourraient-ils connaître tous les paramètres qui ont produit un tableau donné ? Souhaiteraient-ils les connaître ? Mais c’est vrai que les artistes sont amenés à avoir une réponse sur tout. »
Je suis impatient donc, de vous entendre et d’entendre ce raconteur talentueux qu’est Bernard Blistène, parler de votre tableau. Aussi je n’ajouterai pas d’autres mots aux mots, de surcroît devant un artiste qui connut et fréquenta intimement Michel Foucault, Gilles Deleuze et Roland Barthes.
Je ne peux que me réjouir, au vu de ce succès et des demandes formulées par d’autres villes d’Île-de-France, qu’une deuxième saison de cette initiative soit à l’étude. Cette dynamique préfigure une nouvelle irrigation des territoires franciliens par la création contemporaine, qui sera amenée à croître avec le Grand Paris de la Culture que j’appelle de mes vœux, et dont la Tour Médicis à Clichy-Montfermeil sera notamment l’un des points phares, aux côtés des établissements existants remarquables, comme le MAC/VAL, dans ce département même, où la future implantation de réserves visitables du FRAC Ile-de-France qui arpente également inlassablement ces vastes territoires avec talent et générosité.
Je vous remercie.