Cent sept Maîtres d'art ont ainsi été désignés pour l'excellence de leurs
compétences et de leur talent, acceptant par là même de transmettre
personnellement à un élève leurs connaissances et leurs techniques.
Plus de quatre vingt dix jeunes professionnels ont ainsi été formés dans le
cadre de cette initiative.
À travers la promotion des maîtres d'art, c'est tous les professionnels des
métiers d'art que nous remercions pour leur talent et leur engagement à
préserver ces savoir-faire que le monde, souvent, nous envie.
Le dispositif des maîtres d'art permet de sauvegarder les savoir-faire rares
ou exceptionnels que détiennent des professionnels d'exception, qui sont
les seuls à pouvoir les transmettre. Par ce transfert de compétences d'un
Maître à des élèves, ils préservent et pérennisent leurs métiers, en les
adaptant aux nouvelles technologies, en renouvelant leur propre création.
Ils sont des passeurs de patrimoine.
Vous savez l'intérêt tout particulier que je porte aux métiers d'art. J'ai
souhaité dans ce domaine une politique volontariste de relance de ces
métiers. Je tiens à ce que mon ministère maintienne ses efforts pour
valoriser l' excellence des maîtres d'art et de leurs élèves, et améliorer
encore la transmission de ces savoir-faire exceptionnels. Mais je veux faire
plus. Alors que les métiers d'art sont enfin reconnus comme une véritable
richesse, je souhaite donner davantage de visibilité aux Maîtres d'art et à
leurs élèves, en donnant une assise solide et pérenne à ce dispositif
original.
Je remercie la mission des métiers d'art pour son travail, les membres du
Conseil des métiers d'art, et les Maîtres d'art qui comprennent et
soutiennent les évolutions que j'ai souhaité apporter à ce dispositif.
Vous savez l'intérêt tout particulier que je porte aux métiers d'art. J'ai
souhaité dans ce domaine une politique volontariste de relance de ces
métiers. Je tiens à ce que mon ministère maintienne ses efforts pour
valoriser l' excellence des maîtres d'art et de leurs élèves, et améliorer
encore la transmission de ces savoir-faire exceptionnels. Mais je veux faire
plus. Alors que les métiers d'art sont enfin reconnus comme une véritable
richesse, je souhaite donner davantage de visibilité aux Maîtres d'art et à
leurs élèves, en donnant une assise solide et pérenne à ce dispositif
original.
Je remercie la mission des métiers d'art pour son travail, les membres du
Conseil des métiers d'art, et les Maîtres d'art qui comprennent et
soutiennent les évolutions que j'ai souhaité apporter à ce dispositif.
Les métiers d'art représentent une richesse culturelle inestimable ; ils
forment un véritable tissu social en soi. Le soutien de mon ministère leur
est acquis et leur place renforcée à travers les mesures suivantes :
1 – Les Maîtres d’art représentent depuis 1994 l'excellence des métiers
d'art. Nommés par le ministre de la Culture, ils s'engagent à transmettre
leur savoir-faire. Je souhaite assurer la pérennité de ce dispositif de
transmission des savoir-faire rares en conservant auprès de moi le Conseil
de métiers d'art, et je confie à l’Institut National des Métiers d’art
l’organisation et la gestion de ce dispositif, avec les moyens en personnel
et en budget qui lui permettent d’assurer cette mission dans les meilleures
conditions.
2 - Pour donner un statut légal et garantir une couverture sociale aux
élèves de Maîtres d'art qui sont dépositaires de cette transmission, je
demande à la Direction générale de la création artistique, en lien avec
l'Institut des Métiers d'Art, de faire aboutir rapidement son expertise sur ce
point. Plusieurs solutions opérationnelles se dessinent, permettant de
conforter ce dispositif en respectant la diversité des situations tant des
Maîtres d’art que de leurs élèves. Cette évolution nécessaire devra
intervenir au cours de l'année 2012. En tout état de cause, l'INMA se voit
confier dès le 1er janvier 2012 la responsabilité du suivi et la gestion des
formations des élèves.
3 - Pour accompagner la nouvelle génération de créateurs–entrepreneurs
dans le domaine des métiers d'art, je sais que les écoles d’arts appliqués
et d'arts décoratifs s’interrogent sur leur évolution dans le cadre du LMD
(licence master doctorat). Il s’agit, dans le cadre de l’espace européen de
l’enseignement supérieur, à la fois de maintenir la transmission de savoirfaire
rares, d’assurer le développement de capacités de création et de
recherche, et de promouvoir l’attractivité internationale de nos formations.
Les réflexions actuelles sur le sujet témoignent de la pleine conscience des
écoles et des pouvoirs publics, état comme collectivités, qu’il s'agit là d'une
évolution urgente. Même si ces écoles ne sont pas des écoles « Culture »,
je suis très attentif à ce sujet, qui est déterminant pour l’avenir des métiers
d’art et pour la vitalité de notre création.
4 - Les artisans d’art d’excellence doivent être davantage mobilisés afin
d'intervenir dans la conservation, la restauration et la restitution du
patrimoine monumental et muséographique. À cette fin, je demande au
Directeur général des Patrimoines et au chef du service des Musées de
France d’organiser dans de brefs délais une concertation avec les
professionnels pour évaluer les besoins et identifier les obstacles
éventuels. Je leur demande d'ici fin février 2012 de m'indiquer quelles sont
les possibilités concrètes offertes par le cadre juridique actuel qui régit les
interventions de restauration sur les collections des musées de France.
5 - Je demande aux administrations centrales et déconcentrées du
ministère ainsi qu’à ses établissements publics, notamment le Centre des
Monuments Nationaux, Sèvres-Cité de la céramique, le Mobilier national,
et les musées de s’impliquer davantage dans « Les Journées
Européennes des métiers d’art » . Des correspondants « métiers d’art »
ont été désignés dans chaque direction régionale des affaires culturelles ;
ils sont mobilisés pour participer à la réussite de Journées, devenues par
ailleurs européennes en 2012. Il s’agit de créer un réseau « métiers d’art »
dans chaque région, en étroite collaboration avec les collectivités
territoriales. Le rôle et les missions des correspondants en DRAC
s’étendront au-delà des Journées Européennes des Métiers d’Art. Ils
favoriseront par leur action les candidatures au titre de Maître d’art, la
visibilité des Maîtres d'art et de leurs élèves dans les institutions culturelles
locales, les coopérations entre plasticiens, designers et Maîtres d'art. Pour
cela, je demande que des crédits déconcentrés dans les DRAC soient
consacrés à la promotion et au développement des métiers d’art en région.
6- Le développement des métiers d’art passe par un renouvellement des
productions des artisans d’art. L’innovation et la création sont en réalité
déjà très présentes dans la production des artisans d'art et des maîtres
d'art ; elles peuvent être encouragées en développant des collaborations
entre artisans d’art et designers, plasticiens, architectes…
Afin de compléter les dispositifs publics et privés dévolus à ce soutien, et
pour tenir compte de la spécificité des métiers d’art, les DRAC pourront
apporter un appui technique et financier à ces projets, dans leur phase
expérimentale.
7 – Je demande à l'INMA et aux services du Ministère d'assurer une
communication appuyée sur l'actualité des métiers d'arts et des talents qui
les composent.
Je suis très heureux, enfin, que nous ayons organisé l'exposition des
pièces uniques réalisées par les nouveaux maîtres d'art dans les galeries
du Palais Royal. Ces oeuvres inédites, sont le témoignage d'une vitalité et
d'une créativité qui ne cesse de se renouveler.
Je vais maintenant remettre à chacun des nouveaux Maîtres d'art un
diplôme réalisé par l' Atelier du livre d' art et de l'estampe de l'Imprimerie
nationale dans lequel travaille un grand technicien d'art, M .Joël Bertin, que
nous honorons aujourd'hui. Je demande à chacun des nouveaux promus
de bien vouloir me rejoindre sur le podium à l'annonce de leur nom.
François LESAGE, brodeur
Héritier d’une longue tradition de brodeurs pour la haute couture et le prêt
à porter, vous faites vos premières armes pour les collections singulières
d’Elsa Schiaparelli. Après un apprentissage au sein de l'atelier familial,
vous vous envolez pour les États-Unis pour ouvrir un atelier sur l’avenue la
plus célèbre de l’Ouest américain, Sunset Boulevard, où le savoir-faire et
la virtuosité que vous avez acquis en France vous ouvrent rapidement les
portes des studios d'Hollywood. Mais le décès de votre père met fin à cette
aventure, et en 1949, vous reprenez son atelier. Au cours des années
soixante, votre talent novateur s’épanouit et s’émancipe du poids de la
tradition. Vous expérimentez des matériaux nouveaux, des traitements de
matières audacieuses et comptez parmi votre clientèle de grands noms de
la mode tels que Lanvin, Givenchy, Dior, Chanel, Grès, Patou, Yves Saint
Laurent. Pendant les années quatre-vingt, vous rencontrez Christian
Lacroix, puis dix ans plus tard, Thierry Mugler et Jean-Paul Gaultier pour
lesquels votre maison produira des chefs-d’oeuvre. Vous n'en restez pas
là : en 1992, vous fondez une école de broderie pour transmettre et
perpétuer votre art, où viennent se former des étudiants et des amateurs
de broderie du monde entier. En 2002, votre maison entre dans la galaxie
Chanel, et vous devenez pour Karl Lagerfeld un partenaire irremplaçable. Il
dira de vous : « Je ne conçois pas de mode sans broderie, ni de broderie
sans Lesage. » Créateur inspiré et interprète des plus célèbres couturiers,
vous avez réalisé la plus grande collection de broderie pour la couture
dans le monde.
Joël BERTIN, fondeur de caractères typographiques
C’est tout jeune que vous avez découvert votre vocation. Votre farouche
volonté adossée aux hasards de la vie vous ont permis d’avancer dans
votre voie jusqu’à l’excellence. Après un apprentissage en typographie et
en fonderie aux Orphelins Apprentis d’Auteuil, vous obtenez un CAP de
fondeur monotypiste à l’école Estienne. Vous êtes ensuite immédiatement
engagé par les établissements Meaulde-et-Renou à Paris grâce à votre
double compétence. Mais vous nourrissez le rêve secret d’intégrer
l’Imprimerie nationale, que vous considérez comme le saint des saints. En
1977, vous rejoignez sur concours l'équipe des fondeurs de cette
institution. En 2003, vous retournez à vos premières amours et devenez
chef d'équipe au sein de l'Atelier du Livre d'Art et de l'Estampe où vous
aurez à coeur de vouloir pérenniser les savoir-faire si particuliers des
métiers de la composition mécanique ainsi que ceux de la fonte lettre à
lettre, mécanique ou manuelle. De la refonte des caractères de
l’Imprimerie nationale, en passant par les services de photocomposition,
de pré-presse et de fabrication, vous vous forgez une solide expérience
désormais reconnue à l’international. Vous collaborez en effet avec des
artistes du monde entier tels que Zanuzucchi, Ra Anan Levy ou de
nombreux éditeurs d’art comme Maeght, Editart-Genève, éditions de la
revue Conférence, Agencia Literaria Carmen Balcells ou encore les
éditions Traces. Vous avez également développé de nouvelles techniques
innovantes, comme l’adaptation de certaines fondeuses au point Didot ou
encore la fonte de l’attache avec fente pour fermoir à la japonaise, en
particulier pour le livre de l'artiste plasticien Miquel Barceló. Vous avez
choisi de transmettre votre savoir-faire à Philippe Mérille, qui manifeste la
même passion que vous pour ce métier. Votre volonté de transmettre vos
connaissances est pleinement reconnue avec l'obtention de ce diplôme de
Maître d'art que je suis heureux de vous remettre.
Gérard BORDE, céramiste
Après des débuts prestigieux au sein de la Manufacture de Sèvres où vous
participez à la production de sculptures d’artistes contemporains aussi
différents que François-Xavier Lalanne, Zao Wou Ki, Etienne Hajdu ou
encore Fance Franck, vous créez, à Limoges, un atelier de recherche et de
production céramique afin de développer du design d’objets. Itinérant, vous
oscillez désormais entre Limoges, où vous occupez les fonctions de
directeur technique du Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la
Terre (CRAFT), et Tarbes où vous enseignez à l’Ecole Supérieure d’Art et
de Céramique des Pyrénées. Vous étudiez et mettez en oeuvre des projets
d'artistes et de designers contribuant à l’innovation, cherchantconstamment les limites du matériau céramique. Sur plus de quatre vingt
projets que vous avez élaborés, citons le Vitrail en lithophanie de
porcelaine réalisé avec Philippe Favier et que nous allons découvrir dans
l'exposition consacrée aux Maîtres d'art, des collaborations avec Marc
Couturier, Martin Szekely, Yann Kersalé ou encore récemment le projet de
mobilier urbain Ubacer d'Urban céramic qui associe des designers
internationaux à des manufactures de porcelaine de la région de Limoges.
Vous êtes un parfait démonstrateur des nouveaux usages de la céramique
qui ne cesse de s’ouvrir vers de nouveaux projets artistiques d’exception.
Vous avez préparé la transmission de votre savoir-faire à votre élève,
Aurélie Vrignon et le diplôme de maître d'art que je vous remets
aujourd'hui témoigne de votre parfaite maîtrise pour le métier que vous
exercez.
Laurent NOGUES, créateur graphique en gaufrage, dorure et incrustation
À peine diplômé de l’école nationale supérieure des arts appliqués et des
métiers d'art Olivier de Serres, vous fondez votre société Créanog en
1994, inscrivant votre entreprise dans l’héritage spirituel des Créations
Fournier, longtemps dirigées par votre père. Aux savoir-faire exceptionnels
que vous détenez dans le domaine du gaufrage, du marquage à chaud et
de l’incrustation sur papier, vous apportez alors une dimension
supplémentaire à la création graphique qui vous ouvrira les portes de
clients les plus prestigieux tels que Christian Dior Parfums, Chanel, la
Monnaie de Paris, les Cognacs Lheraud. Vous adressant essentiellement
à une clientèle de luxe, vous vous employez à inscrire davantage vos
savoir-faire exceptionnels dans la création contemporaine et réalisez des
documents tels que des dossiers de presse, invitations, cartes de voeux,
brochures, coffrets, packaging pour Narcisso Rodriguez, Thierry Mugler,
Saint Laurent, Henessy, Jean-Paul Gaultier, Cartier... En alliant de
nouvelles technologies et des techniques traditionnelles d’impression en
volume et relief, vous élaborez également de magnifiques ouvrages pour le
Centre des monuments nationaux, sur la Sainte-Chapelle, le Panthéon,
Carcassonne et l' abbaye de Cluny destinés aux non-voyants, des
reproductions en gaufrage ou en marquage à chaud d' oeuvres tombées
dans le domaine public tels que le gaufrage du Roi Soleil, et le marquage à
chaud des tapisseries de Bayeux, ou enfin des estampes d'artistes
contemporains. Vous avez choisi de transmettre à votre élève Annie Bocel
vos savoir-faire incomparables que vous êtes le seul à maîtriser. C' est
avec le plus grand plaisir que je vous remet le diplôme de Maître d'art.
Yves PARISSE, tailleur et graveur sur cristal à la cristallerie Baccarat
Vous intégrez la prestigieuse maison Baccarat en 1975 comme apprenti,
puis vous avez gravi un à un tous les échelons pour accéder à la
responsabilité de chef de l’atelier de taille gravure et grosse décoration.
Vous ciselez le cristal de Baccarat pour réaliser des oeuvres
extraordinaires, féeriques, des oeuvres prestigieuses ou mythiques, que
vous faites renaître parfois, à partir d’archives. Des artistes et des
designers tels que Philippe Starck, Jaime Hayon, Ora Ito font également
très souvent appel à vos talents exception. Vous êtes donc aujourd'hui un
expert reconnu et recherché, et vous vous investissez avec passion dans
la transmission de votre métier. Toujours prêt à former une relève
compétente et à transmettre un des grands savoir-faire du luxe à la
française, vous avez été professeur de taille et de gravure en lycée
professionnel puis formateur au Centre européen de recherche et de
formation aux arts verriers. Aujourd'hui, vous enseignez votre art au sein
même de votre atelier à la cristallerie Baccarat. Nous savons combien
votre métier est exigeant, combien son apprentissage peut être long,
combien il requière de patience et de dévouement pour pouvoir le
transmettre à Ambroise-Guillaume Macel, votre élève qui partage la même
passion que vous pour cet art. C' est pour vous encourager dans cette voie
que j'ai le plaisir de vous remettre le diplôme de Maître d'art.
Michaël WOOLWORTH, lithographe
C' est à l'âge de dix huit que vous débutez aux côtés de Franck Bordas et
que vous collaborez avec des artistes de renom, dont Jean Dubuffet. Puis
durant quelques années encore, c’est avec Gilles Aillaud, Henri Cueco,
Erro, Daniel Pommereulle, que vous travaillez. Véritable spécialiste de la
lithographie sur pierre, bois gravé, monotype, linogravure et eau-forte,
vous créez votre propre atelier à Paris en 1985, démarrant avec un
immense projet de 100 planches lithographiques de scènes inspirées de
Don Quichotte pour le peintre surréaliste Matta. Au fil du temps, votre
atelier se mue en laboratoire de création, où l’art de l’impression est
constamment réinventé. Innovateur, vous concevez plusieurs techniques
d’impression pour des supports inhabituels. En 2004, pour une exposition
d’art contemporain au Louvre, vous mettez au point un « tapis » en
lithographie sur 84 pièces de plâtre de 3 m x 9, composant l’oeuvre de
l’artiste espagnol José Maria Sicilia. Régulièrement, vous conviez des
artistes très divers à venir travailler dans votre atelier. Ce sont Bertrand
Lavier, Jim Dine, Jaume Plensa, Jean-Michel Othoniel, Stéphane
Bordarier, Jean-François Maurige, Marc Desgrandchamps, Djamel Tatah...
Vous consacrez aussi une partie de votre temps à une activité éditoriale et
à la mise en place d’expositions pour la défense et la diffusion de l’art de
l’estampe contemporaine. Votre érudition dans la grande tradition de la
presse à bras, votre grande expérience dans les techniques que vous avez
choisies de transmettre à votre élève Julien Thory que vous avez estimé
digne d'accompagner votre recherche justifient pleinement le diplôme de
Maître d'art que je me réjouis de vous remettre.