3.L’édition des entretiens
L’édition reproduit de façon quasi intégrale tout ce qu’a dit l’ancien ministre au cours de ces entretiens. Afin de respecter le fil de sa pensée, elle suit de très près la version d’origine, même si ce parti entraîne parfois quelques redondances. Des modifications n’ont été effectuées qu’à la marge : regroupements thématiques indispensables ou, plus rarement, refonte de certains passages quand le narrateur est revenu sur un sujet en des termes voisins, mais en donnant des détails différents. La présentation qu’il avait adoptée pour la mise en forme de la transcription (ponctuation, italiques, mots en caractères gras ou entre guillemets, tirets…) a été également strictement conservée. Cette relation a été enrichie par des interventions orales, provenant d’émissions radiophoniques ou de colloques. Ces témoignages complémentaires, qui ont l’intérêt d’apporter des précisions sur des matières dont il n’avait pas – ou peu – parlé, ont été aisément fondus dans le corps du document originel23.
Dans la mesure où nous n’avions pas rigoureusement suivi, au cours des échanges, le programme préétabli, il a été nécessaire de hiérarchiser ces interventions pour leur assurer un enchaînement logique24. Le premier chapitre, où Jean-Philippe Lecat pose un regard global sur son ministère, correspond pratiquement à l’entretien initial. Les chapitres II à VIII reprennent les points traités au cours des rencontres, en abordant successivement les politiques culturelles au niveau national (II. Gouvernement ; III. Grands établissements ; IV. Travaux et aménagements), régional (V) et international (VI), puis l’action du ministre par rapport à des milieux (VII. L’argent privé, pour le monde économique ; VIII. Prix et distinctions, forme d’approche du monde artistique). Les chapitres suivants sont constitués de fragments qui ont pu être extraits du texte général sans en modifier le sens et qui décrivent, au moins partiellement, certaines politiques sectorielles (IX. Patrimoine ; X. Musées et collections publiques ; XI. Théâtre ; XII. Cinéma ; XIII. Communication, pour le domaine radiophonique)25. Dans le chapitreXIVconsacré à la Bourgogne, il a évoqué, sous une forme plus personnelle, sa région d’origine et a montré comment une expérience de terrain avait inspiré sa conduite. Enfin, ont été rassemblés au sein du dernier chapitre (XV), les commentaires qui tendent à dégager les lignes de force de son action.
Lors de la première mise en forme de la transcription, j’avais inséré, avec l’approbation de l’auteur, des titres et des sous-titres visant à mettre en relief les grandes orientations de sa politique et les thèmes qu’il avait développés. Cette pratique a été reprise pour cette édition. Chaque chapitre est, par ailleurs, précédé d’une courte synthèse qui en souligne les aspects les plus caractéristiques. On notera, enfin, que les passages faisant corps avec l’exposé mais constituant des espèces d’apartés ou de parenthèses par rapport au fil du discours (anecdotes, commentaires, allusion à des épisodes récents…) sont présentés en retrait et en italique.
Le style parlé, beaucoup plus vivant et spontané, a été conservé. Jean-Philippe Lecat s’adresse à un interlocuteur, dont les questions – que ses réponses explicitent – ont été gommées pour rendre la lecture plus fluide. Sa façon de s’exprimer – avec ses mots de prédilection – a été respectée, au risque de certaines répétitions. Une révision systématique a permis d’identifier quelques confusions portant sur des faits, des noms propres ou, parfois, sur des dates. Elles ont été rectifiées quand il s’agissait de données précises. Il ne pouvait être question, en revanche, de modifier la relation de certains événements telle qu’elle apparaît dans les propos du narrateur. Intervenant, en témoin, dans l’un des nombreux colloques auxquels il a participé, Jean-Philippe Lecat déclarait : « Il faut toujours essayer de se replacer dans l’histoire26. » C’est bien pour que ces entretiens soient replacés dans l’histoire que leur édition a été dotée d’un abondant appareil de notes. Dès le début, j’avais pris le parti d’adjoindre à la transcription quelques annotations. Il avait approuvé cette méthode – qui l’avait conduit à préciser ou à corriger certains points de son exposé –, soulignant « l’importancede l’appareil critique dont vous entourez les témoignages…» (30 janvier 2010) ou constatant : « Les textes, pourvus par vous d’un “appareil critique et chronologique” pourront, en effet, intéresser…» (5 mars 2010).
Par-delà leur usage classique (renseignements biographiques27, indications bibliographiques28, datation des faits, références des textes et citations, etc.), ces notes ont pour objet principal de compléter et d’élargir les informations délivrées et de les insérer dans leur contexte historique. Les recherches qui ont accompagné et suivi la collecte des témoignages ont apporté, sur les politiques, les institutions, les événements, les projets qui s’y trouvent évoqués, des données, pour beaucoup, inédites qui ont été ainsi synthétisées en bas de page. Ce procédé a aussi été utilisé pour confronter ces entretiens à d’autres sources (interventions et déclarations de Jean-Philippe Lecat à l’époque de son ministère, témoignages écrits ou oraux de ses contemporains, etc.) dans le but de les valider ou de faire apparaître, parfois, certaines divergences. Enfin, si les nombreuses références historiques et littéraires qui ponctuent le discours n’ont pas été systématiquement commentées, il a paru cependant nécessaire d’expliciter des faits et desœuvres moins connus ou cités de façon allusive.
La question pouvait se poser de la pertinence d’adopter pour un ouvrage de notre temps une méthode de publication qui s’applique en général à des sources plus anciennes. Les contemporains de ces événements, ceux qui ont, peut-être, côtoyé les personnages qui en ont été les acteurs se retrouveront aisément dans ces souvenirs, mais les autres…? C’est donc une double lecture que propose cette édition : les « initiés » réserveront leur attention au texte des entretiens ; ceux qui voudront « en savoir un peu plus » pourront trouver dans ces notes des réponses aux questions qu’ils se poseront sans doute.
23 - Ces compléments, dont on trouvera le relevé au chapitre des sources, sont signalés en note.
24 - Les dates auxquelles chaque sujet a été traité n’ont pas été répétées dans l’édition. Cette information est donnée supra, note 22
25 - L’index figurant à la fin du volume signale les pages, indissociables de leur contexte, où il est question des politiques sectorielles.
26 - Jacques Duhamel. Une étape décisive de la vie culturelle. Actes du colloque Jacques Duhamel, 9 octobre 2009, Besançon, Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté/Centre régional du livre de Franche-Comté, 2014, p. 41.
27 - Les informations biographiques données sur les personnages cités concernent essentiellement leur situation à l’époque du ministère Lecat. Des notices plus détaillées ont été rédigées pour les personnalités qui faisaient partie du proche entourage du ministre (membres du cabinet, directeurs, etc.) et qu’il a généralement citées à plusieurs reprises. Ces notices sont publiées lors de la première mention de leur nom dans le corps du texte.
28 - N’ont été portées en note que des informations bibliographiques ponctuelles. Une bibliographie générale figure à la fin du volume, p. 431-451.
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