Avec la disparition d’André Schiffrin, c’est tout à la fois un auteur engagé en faveur du débat intellectuel, un éditeur militant de la cause du livre et un ambassadeur de la culture française aux Etats-Unis qui nous a quittés.
La littérature et le débat d’idées français lui doivent, en tant qu’éditeur de Pantheon Books pendant plus de trente ans, d’avoir permis le rayonnement des œuvres de Marguerite Duras, de Michel Foucault, de Jean-Paul Sartre, de Simone de Beauvoir ou encore de Pierre Bourdieu sur le continent américain. Fils de Jacques Schiffrin, le fondateur de La Pléiade, il fut toute sa vie fidèle à sa double appartenance culturelle qu’il retrace dans « Allers-Retours » paru en 2007 aux éditions La Fabrique.
Fervent défenseur de la diversité éditoriale et de l’acte engagé que constitue l’édition des textes d’auteurs, il avait fondé, au début des années 1990, la maison d’édition à but non lucratif The New Press qui permit la diffusion des idées d’Eric Hobsbawm ou de Noam Chomsky, mais aussi des œuvres de Jean Echenoz et Marguerite Duras.
Ses essais L’Edition sans éditeurs ou L’argent et les mots sont autant d’apports majeurs et d’analyses lucides sur le rôle des médias et de l’édition au XXème siècle comme sur les phénomènes de concentration qui touchent de plein fouet le monde des médias et de l'édition. Ces essais ont inspiré de nombreux éditeurs indépendants et sont à l'origine de la création à la fin des années 1990 et au début des années 2000 de collectifs d'éditeurs indépendants et de réseaux internationaux, comme en 2002 en France l'Alliance internationale des éditeurs indépendants.
Le monde de l'édition perd un porte-flambeau et une figure profondément respectée de notre période contemporaine. La France perd un de ses plus fidèles et enthousiastes ambassadeurs culturels, qui naquit et mourut à Paris.