8.0311 - Résidence Plombière
en limite de la ville continue, le 3e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0311, p 7. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Résidence Plombière
27 boulevard de la Révolution, 47 rue du Jet d'eau, quartier Saint-Mauront 13003
Lambert 3 : latitude 3.04616 ; longitude 43.3153
Accès : métro n° 2 Bougainville
bus 72 Bougainville - rond-point du Prado, bus 31 & 32 Canebière - Les Aygalades
propriétaire : Syndicats de copropriétaires, cabinet Suprano
programme : Groupe d'habitation 287 logements.
Maître d'ouvrage : SCI Résidence Plombière.
Zographos Constructeur, SMT.
Ensemble de 3 immeubles : tour, barre, et avant-corps, cour arborée, jeux d'enfants, garages, proximité d'une école.
dates, auteurs : Accord préalable 1961. Déclaration d'achèvement de travaux 1963.
Pierre Jameux, architecte.
Entreprise, Société Marseillaise de Travaux.
site : Au nord-est de la Belle de Mai, penchant septentrional en rive de l'ancien ruisseau de Plombière. Altitude entre 18,50 et 24,00 m. Maisons avec jardins en terrasse. Secteur Central : opération disjointe autour du futur boulevard de Plombière sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Dessin de grecque ponctuée d'immeubles hauts, se développant selon l'étagement du site. Le groupe scolaire voisin fait partie intégrante de la composition. Épannelage : tour R+16, avant-corps en U R+5, barre R+12.
bâti : Constructions en béton, généralisant les dispositifs de loggias avec divers traitements des structures apparentes (trame, poteaux, bandeaux). Bon état général.
sources : AD : 2071 W 18 (50.632), 165 W 565
Contexte :
Implantés sur les anciens faubourgs industriels de Marseille, Saint-Mauront et la Belle de Mai ont été longtemps un quartier d'ouvriers et de petits artisans, souvent d'origine italienne, nettement marqué politiquement à gauche.
Les bombardements de 1944 qui visaient la zone industrielle du Canet, feront quelques dégâts dans le tissu urbain, donnant un statut de secteur sinistré dont les reconstructions ne modifieront que très peu l'organisation du quartier.
Seule l'opération disjointe de Plombière figurant au Plan Directeur d'Urbanisme de 1949 marque un souci de réorganisation autour du ruisseau de Plombière qui faisait fonction d'exutoire pour les nombreuses activités industrielles. L'autopont actuel sera réalisé plus tard, mais le contrôle des opérations de construction sur les côteaux tant sud que nord figera l'évolution de petites propriétés. Contemporaine de l'ensemble La Révolution (235 logements, P. Jaume arch. 1964), la Résidence Plombière se fait par opportunité foncière sur une de ces propriétés du penchant septentrional de la Belle de Mai. Le terrain est escarpé, dominé par une maison avec jardin en terrasses, enfilades d'escaliers ou de restanques et bassins de taille modeste.
Description :
Sur ce terrain assez étroit et très déclif (13 m de dénivelé entre le bas du projet et le groupe scolaire) se pose le problème de la densité.
L'architecte compose en étageant sur les diverses plateformes trois types d'immeubles liés entre eux, mais qui conservent chacun leur identité volumétrique. Soit une tour, formant un signal sur la pente, un immeuble bas en avant-corps abritant le jardin de l'îlot et une barre assez haute en adossement sur la pente. Le groupe scolaire qui fait partie de la composition vient border l'ensemble par le sud. Il est implanté 6 m au-dessus, sur une plateforme.
La tour peut s'affilier à celles d'André Devin chez lequel Jameux semble avoir dirigé le projet du Pharo.
Les angles pleins dessinent un cadre de façade renforçant l'aspect solide de l'immeuble. À l'intérieur de ce cadre, l'expression de la trame constructive (poteaux, plancher) dessine une résille régulière, proche du carré.
Elle est plus large que celles de A. Devin, plus proche de l'exostructure de J.-H. Labourdette sur la Bourse.
La structure réticulée, assez forte, donne des ombres profondes aux loggias, une travée alternée de balcons-tiroirs renforce la régularité d'ensemble. Enfin les émergences de superstructures en toiture sont organisées de manière à donner des profils homogènes.
Le bâtiment en avant-corps dégage une cour protégée du bruit du boulevard de Plombière et du Mistral. C'est un jardin en pleine terre. À l'extérieur, les façades sont soulignées par des montants verticaux saillant que P. Jameux réutilisera dans plusieurs projets (Platanes, Grand Verger, Auger, Résidence Madrague Ville). Ces lames de béton donne un aspect de loggias continues protégées par des allèges en verre armé. Les séchoirs des cuisines ont des pares vues de métal blanc. Les panneaux vitrés et les persiennes font la hauteur d'étage donnant une image de pan de verre.
Sur le jardin, les allèges sont pleines dans une écriture constructive qui décompose les éléments : poteau, plancher, allèges et appuis définissant les baies par leur contour.
La barre est aussi dans un registre constructif. Là aussi, les menuiseries sans imposte donnent aux façades un aspect de grands pans de verre, très ouvert. Installé dans la pente, le soubassement de l'immeuble comprend plusieurs étages, traités sans loggias, parfois avec des claustra bétons pour les séchoirs. Enfin la barre est couronnée d'un étage attique marqué d'un bandeau d'allège et la toiture est rendue plus aérienne par une dalle dégagée aux angles.
Le projet, qui appellera plusieurs dérogations, sera soutenu par l'architecte conseil du ministère Xavier Arsène Henri.
Dans la pente, les profils d'ensemble sont variés, dessinant en contrepoint horizontales et verticales sur de belles assises en terrasses.
Auteur :
Pierre Jameux,
né en 1927, est diplomé de l'École Nationale des Beaux-Arts en 1959. Il a travaillé dans l'atelier d'André Devin, par où passera une bonne partie de sa génération.
En matière de logement, la Résidence Plombière est son premier projet.
À Marseille, il est l'auteur de l'immeuble de :
la rue Auger dans le 4e arrondissement, 1963,
la Résidence Sainte-Germaine, 1965, le Grand Verger dans le 13e et les Platanes dans le 14e, 1967,
le Massif des Roses dans le 13e, 1971,
les Alpilles dans le 7e, 1974,
le Sémiramis dans le 5e, 1975.
Fichiers associés :
- Carte du 3e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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