21.0904 - Lou Trioulet
Mazargues, 9e, au sud de l'axe Belsunce Michelet
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0904, p 18. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Lou Trioulet
avenue Aviateur Lebrix, quartier Sainte-Marguerite 13009
Lambert 3 : latitude 3.06555 ; longitude 43.2607
Accès : métro n° 2 : Sainte-Marguerite Dromel
bus 47 Sainte-Marguerite Dromel - Vieille Chapelle, bus 4 Sainte-Marguerite Dromel - Valmante
propriétaire : OPAC Sud, 80 rue Albe, 13234 Marseille Cedex 4
programme : Groupe d'habitations de 257 logements.
Maître d'ouvrage : Office Public d'Habitations à Loyer Modéré des Bouches-du-Rhône.
Ensemble de 2 immeubles, jardin.
dates, auteurs : Permis de Construire 1952, livraison 1954.
Jean Rozan, architecte.
Entreprises, EGCB, Biagone.
site : Proche de la Cité Radieuse, site de bastide arborée. Altitude entre 18,50 et 24,50 m, pente douce vers le nord-ouest. Secteur d'habitation discontinue E sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Centré sur le jardin de la bastide, un immeuble rectiligne au sud, un immeuble cintré au nord.
Épannelage : barrette R+5, croissant R+14.
bâti : Ossature en béton armé, remplissage parpaings isothermes et contre cloisons. Cadres de baie préfabriqués. Distribution par coursives. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 4 (16.191), 165 W 17, 12 O 309-311, 7 ETP 241-242
Revue Marseille n° 29
Contexte :
La proximité du boulevard Michelet et de la Cité Radieuse induit une confrontation architecturale et un urbanisme d'occurrences ouvrant la voie à des opérations massives et discontinues, à l'image du prestigieux édifice.
Lou Trioulet est le nom d'une bastide, proche de la Magalone. Elle est entourée d'un jardin à l'anglaise, d'une allée de platanes, d'arbres centenaires, de bassins, d'une tonnelle. Derrière son haut mur de pierres, elle possède une entrée sur l'avenue Aviateur Lebrix, et une allée privée rejoignant le boulevard Michelet.
Description :
Le plan de masse tente de conserver la partie centrale du jardin d'origine. Avec un immeuble bas, sur l'avenue Aviateur Lebrix, et un autre, plus grand, dont la courbe concave s'ouvre vers le plein sud, tournant le dos au mistral et abritant les jardins. Ici le plan s'oppose à celui de la Cité Radieuse liée à son axe héliothermique et très peu adapté aux conditions climatiques de la région (est et ouest en soleil bas). La courbe que l'on peut retrouver dans plusieurs immeubles proches de la Cité Radieuse, paraît une manière d'éluder toute déférence envers la maison du Fada.
La caractéristique du grand bâtiment reste sa distribution par des coursives, principe connu pour son économie.
Certaines dispositions supplémentaires protègent l'intimité des appartements. Ainsi, les coursives à l'air libre sont inférieures de quelques marches au niveau des logements. Les appartements sont desservis par un hall commun à plusieurs logements.
Enfin, les pièces humides donnent sur une petite loggia, close par des venelles horizontales en béton formant, avec les baies contiguës des cuisines et des chambres, un motif continu et repérable.
Les coursives alliées aux façades courbes participent fortement à la plastique propre au bâtiment. Les escaliers en volées droites ou en quarts tournants se superposent en bandes obliques et sont supportés visuellement par les tours de circulation verticales (ascenseurs et monte-charges) qui scandent la paroi convexe de la façade nord. L'esthétique est poussée encore plus loin sur le petit immeuble, où l'un des escaliers elliptiques ménage un vide avec les coursives donnant un caractère aérien au dispositif.
La façade sud du grand immeuble est divisée de façon classique, avec un soubassement et un couronnement de deux étages à chaque fois, dépourvus de balcons filants. Le plein corps est strié de balcons, se retournant de façon asymétrique sur le pignon.
C'est sur ce pignon qu'est implantée l'entrée commune aux appartements. Sous un groupe de pilotis coniques, une transparence abrite la loge du gardien et l'ensemble des boîtes aux lettres.
Les baies, soit carrées soit légèrement plus larges pour les séjours, créent une travéation un peu irrégulière. Les cadres de fenêtres sont préfabriqués, et les menuiseries à divisions horizontales sont très dessinées, avec des montants et des traverses d'épaisseur constante laissant imaginer un système de profils modulaires. Ce dernier point montre encore l'attention que l'architecte porte au logement tant dans sa dimension d'usage que formelle.
Enfin, élément cher à l'auteur, les parcours qui mènent, de manière concertée jusqu'au logement : passage, escaliers, ascenseurs, coursives, seuils et petites entrées communes, déterminent une véritable promenade architecturale.
Auteur :
Jean Rozan (1887- 1977)
Ce marseillais choisit à 21 ans les études d'architecture aux Beaux Arts de Paris dans l'atelier Pontremoli.
La Guerre interrompt ses études, il achève son diplôme en 1919. Installé à Marseille en 1920, il réalise les Bureaux de la Compagnie Paquet, ceux de la Compagnie de Navigation Mixte et la caserne de Gendarmerie du cap Janet.
En 1936, avec la nationalisation de l'aéronautique, il construit les Usines Vertes de la SNCASE autour de l'Étang de Berre, à quoi participera Jean Prouvé.
Il réalisera aussi le relais de TSF du Réaltor, la Soufflerie du laboratoire de Mécanique des Fluides ainsi que l'Institut de Biochimie de Saint-Charles.
Lauréat, avec Castel, Allard, et Gensollen du concours pour le pavillon de la Provence (Exposition Internationale de 1937), il devient architecte de la Chambre de Commerce puis en 1948 architecte du Comité Interprofessionnel de Logement des Bouches-du-Rhône
Après la guerre, il refait le socle de Notre-Dame de La Garde, partiellement détruit pendant les combats.
A partir des années cinquante, il réalise d'importants programmes de logements à caractère social, parmi lesquels :
La Blancarde, 80 logements pour le CIL, 1952,
La Marine Blanche, 120 logements avec B. Martin Chave, 1953,
Lou Trioulet, 257 logements pour l'OPHLM départemental avec P. Faure Ladreyt, 1954,
La Paquerette,1956,
la Résidence Les Rosiers, 727 logements pour le CIL, 1957,
Mazargues 300 logements pour l'OPHLM départemental avec P. Faure Ladreyt, 1957,
Les Tilleuls, 391 logements pour l'OPHLM départemental, 1958,
Les Olives, 431 logements pour l'OPHLM départemental, 1960.
Comme chef de groupe du secteur Industrialisé:
La Marine Bleue, 788 logements, 1958
et Campagne Lévêque, 806 logements, 1959,
Prado Parc, 245 logements avec P. Faure Ladreyt, 1961,
Les Aygalades, 598 logements pour l'OPHLM départemental, 1965.
Fichiers associés :
- Carte du 9e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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