1.1446 - Les Platanes
Sainte-Marthe, nord-ouest du 14e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1446, p 42. 2005
Label Patrimoine du XX° siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Résidence les Platanes
2 boulevard Alphonse Allais, quartier Sainte-Marthe 13014
Lambert 3 : latitude 3.04919 ; longitude 43.3408
Accès : bus n° 27 : La Rose - Saint-Exupéry, bus n° 28 : Bougainville - Les Aygalades, bus n° 31 : Canebière - Les Aygalades
propriétaire : Syndic de Copropriété : TAGERIM, Mr Perrusel, 210, avenue du Prado, 13006, 04 96 20 05 50
programme : 149 Logements, stationnement collectif, garages couverts, séchoirs en terrasses. Proximité équipements de quartier.
Maître d'ouvrage : Société Anonyme d'HLM Le Logis Coopératif, pour le personnel des PTT, Soleil Logis.
dates, auteurs : Permis de Construire : 1962 et 1964. Achèvement de travaux : 1965 et 1967.
Pierre Jameux, architecte.
Entreprise Guiramand GO.
site : Sur l'ancien chemin de Saint-Joseph à Sainte-Marthe. Terrains de La bastide Tempier, canal, jardins, allée de platanes est-ouest. Flanc méridional de colline, altitude entre 85,00 et 79,00 m. Secteur d'habitation d'ordre discontinu, G du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Organisé sur le tracé de l'allée. Équerre R+4, tour R+6, banane R+4, espaces extérieurs aménagés.
bâti : Structure béton, refends et voiles porteurs. Murs et parements de briques. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 24 (69.081), 165 W 570
Revue Prado n° 1 et 4
Contexte :
Bastides et campagnes forment l'essentiel de la ressource foncière de l'après-guerre jusqu'à aujourd'hui encore. L'urbanisme marseillais s'inscrit dans l'occurrence de ces grands domaines des familles bourgeoises. Le développement urbain suit le tracé des voies, ici le chemin de Sainte-Marthe à Saint-Joseph, le long desquelles se trouvent alors les bastides, les canaux et le chemin de fer. La récente résidentialisation poursuivra le morcellement de ces territoires.
La Résidence des Platanes est située sur l'ancien domaine de La Bastide Tempier, alors propriété de l'entreprise Tempier-Rostan qui sera peu à peu lotie (La Simiane). L'implantation du groupe d'habitation s'est faite dans l'ancien jardin avec allée de platanes et bassins d'agrément (le canal est tout proche), parfaitement installé sur le penchant méridional de la colline, légèrement à l'abri du mistral.
Le programme, étudié par Pierre Jameux au début des années soixante, est modeste : 149 logements. Il sera livré en deux tranches en 1965 et 1967. Il est destiné aux fonctionnaires de la Poste via une Société Coopérative d'HLM, Soleil Logis liée à la Société Provence Logis. La particularité du projet est que les locataires soient également actionnaires et peuvent, au bout de trente ans, racheter l'appartement qu'ils occupent. C'est ce qui se réalisera pour la Résidence des Platanes. Cette forme de permanence des occupants induisant, bien sûr, une certaine qualité de l'habitat.
Description :
La composition du plan s'inscrit directement sur le tracé de l'allée de platanes de la bastide, distribuant au nord une équerre de 5 niveaux, dont une des branches longe l'alignement des arbres. À l'ouest, dans la perspective de la courte avenue plantée, une tour massive de 7 niveaux se poursuit par une barre en arc légèrement infléchie vers le nord et adossée à des garages. Le dessin des aménagements extérieurs a été particulièrement soigné, reprenant les traces de l'ancien jardin : sujets en place, bassins et un puits. Les sols des chemins sont redessinés avec des revêtements variés : dallages, calades.
La façade méridionale de l'équerre est très ouverte en loggias et pans de verre, elle reste cependant tempérée par les feuillages. Les têtes de voiles en béton clair alternées avec des murs porteurs en briques dessinent une cadence de nervures donnant relief et élancement à la grille orthonormée de la trame constructive. À l'inverse, au nord, l'enveloppe est plus fermée, fendue de baies étroites et hautes comme des archères, creusées profondément dans la paroi et disposées en quinconces. Les allèges sont en ajour de briques appareillées tout comme les pignons et les entrées traversantes.
En fond de l'allée, la petite tour cubique en béton cherche, avec ses pilotis, à s'élever au-dessus du sol. Affinée par les loggias d'angle, la façade alterne travées de béton clair et bandes verticales de vitrage des portes fenêtres. Menuiseries et serrureries sont colorées en vert céladon. La tour est couronnée d'une large ombrière qui abrite des séchoirs délimités comme une cage par des grillages légers.
Derrière la tour, comme en queue de comète, la courbe tendue du dernier immeuble donne une sorte d'ouverture à la composition générale en suivant la topographie. Sur la face arrière se trouvent les garages encastrés dans la pente dont les terrasses sont végétalisées. On retrouve les mêmes dispositions que pour l'équerre, la brique y est cependant employée plus en aplat pour les surfaces des panneaux, écoinçons ou travées.
Brique et béton sont utilisés de manière durable ; selon l'auteur, ces "matériaux laissés bruts permettent un bon vieillissement de façade dans le temps". C'est aussi une manière de traiter la coloration en évitant les enduits qui affadissent les arêtes, le vif des formes.
L'influence d'Alvar Aalto est évidente dans les diverses manières d'accorder le béton : lisse, marqué de l'empreinte des planches de coffrage, s'il est enduit alors celui-ci a une très forte granulométrie. Quant aux appareillages de briques, on trouve des panneresses et boutisses, ajourées, saillantes ou simplement à joints contrariés. Pour la branche sud de l'équerre, un pan de mur de briques apparaît même à l'intérieur des appartements. Aalto est le premier à définir la brique comme un matériau moderne utilisé dans l'industrie. La propre maison de l'architecte finlandais sera comme un catalogue expérimental d'appareils. Ici, on retrouve cette manière d'introduire des textures dans un dispositif réglé par la simple géométrie.
Pierre Jameux a plusieurs fois recouru au béton clair, préfabriqué aux coffrages travaillés associés à divers appareils de brique qui prennent un rôle soit structurel, en remplissage ou décoratif (traverse Cas, Grand Verger, Eden Roc à Aubagne).
Auteur :
Pierre Jameux,
né en 1927, est diplomé de l'École Nationale des Beaux-Arts en 1959. Il a travaillé dans l'atelier d'André Devin, par où passera une bonne partie de sa génération.
En matière de logement, il est l'auteur de :
l'immeuble de la rue Auger dans le 14e, 1963,
Le Grand Verger dans le 13e, 1967,
Le Massif des Roses dans le 13e, 1971,
Les Alpilles dans le 7e, 1974,
Le Sémiramis dans le 5e, 1975.
Fichiers associés :
- Carte du 14e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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