Avignon - Eglise Saint-Joseph-Travailleur
- département : Vaucluse
- commune : Avignon
- appellation : Eglise Saint-Joseph-Travailleur
- adresse : avenue Etienne-Martelange
- auteurs : Guillaume GILLET, Charles ANDRE (architectes), l'abbé Marcel ROY (maître-verrier)
- date : 1967-1969
- protection : Inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 22 décembre 1993
- label patrimoine XXe : Circulaire du 1er mars 2001
L’église Saint-Joseph-Travailleur est située à Champfleury, dans la périphérie sud d’Avignon. Ce quartier, jusqu’alors inondable, devint constructible dans les années 50 ; dans un premier temps, le culte fut célébré dans un hangar préfabriqué installé en 1959 par l’association diocésaine. À partir de 1962, en raison de l’arrivée massive des rapatriés d’Algérie, cette salle précaire se révéla insuffisante ; le diocèse acquit alors un terrain dans l’intention de faire construire un ensemble paroissial.
En 1966, l’abbé Henri Laurent, alors économe diocésain, le père Joseph Persat, curé de Champfleury et l’abbé Marcel Roy, peintre-verrier, sélectionnent Guillaume Gillet pour établir les plans du futur édifice.
Le maître d’ouvrage n’impose ni contrainte ni orientation architecturale, mais un programme simple : église, presbytère, salles paroissiales, auquel Gillet répond par un plan d’ensemble correspondant à la forme triangulaire de la parcelle. La déclinaison du triangle, symbolisant la Trinité divine, constitue le principe d’organisation de tout le centre paroissial. Chaque pointe du triangle de départ sera elle-même occupée par un point fort, également triangulaire : à l’est, l’église, au nord, un cloître d’hiver protégé par une verrière pyramidale, au sud-ouest, une salle de conférences. Une aile doit recevoir le presbytère et ses annexes, une autre les salles de catéchisme, la troisième une galerie couverte refermant l’ensemble autour d’une vaste place hexagonale. Cette dernière partie, de même que la salle de conférences, ne sera pas réalisée.
Comme à son habitude, Gillet a travaillé en relation étroite avec un ingénieur, ici Lourdin, d’ailleurs associé à la conception de deux autres de ses églises à paraboloïdes hyperboliques. L’avignonnais Charles André est architecte d’opération. Parmi les artistes intervenus à Saint-Joseph-Travailleur figurent l’abbé Roy, créateur des vitraux et le ferronnier Watkin, auteur de la croix qui surmonte la flèche.
Originaire de l’Oise, Guillaume Gillet (1912-1987) reçoit une formation à l’école des Beaux-Arts de Paris avant de s’orienter vers l’architecture. Son diplôme d’architecte, en 1937, a pour sujet un projet de pèlerinage local. Il passe toute la guerre emprisonné en Westphalie ; c’est de cette époque que date sa collaboration, constante par la suite, avec les ingénieurs des Arts et Métiers, qui s’occupent avec lui du théâtre des prisonniers. Reçu Premier Grand Prix de Rome en 1946, il est retenu peu après pour organiser la reconstruction de Royan (Charente-Maritime) : la cathédrale Notre-Dame (1954-1958), qui lance véritablement sa carrière, est considérée comme son chef-d’oeuvre. Il est architecte en chef des Bâtiments Civils et Palais Nationaux (1952), enseignant aux Beaux-Arts, membre puis président de l’Académie des Beaux-Arts. Parmi ses constructions majeures figurent le pavillon français de l’exposition universelle de Bruxelles, la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, l’École Nationale de la Magistrature à Bordeaux. Mais Gillet réalise aussi plusieurs programmes religieux où il met en oeuvre le système qui se répand dans le monde entier des paraboloïdes hyperboliques : après Notre-Dame de Royan, il construit dans les années 60 l’église Saint-Crépin-Saint- Crépinien de Soissons (Aisne), le centre paroissial de Vieux-Condé (Nord), celui de Saint-Joseph-Travailleur et la chapelle de l’École de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine).
Un vocabulaire architectural commun rapproche ces édifices : systèmes constructifs résolument modernes, variations sur des formes géométriques, esthétique du béton brut de décoffrage, emploi du bois.
Véritable performance plastique et technique, l’église est l’élément le plus spectaculaire du centre paroissial. Son volume surprenant, mouvementé, produit une impression d’envolée vers le ciel. Les murs, relevés aux angles, descendent vers la porte triangulaire située au milieu de chaque côté. Leur base, aveugle mais animée par des ailettes, est en béton brut de décoffrage, leurs arêtes et leur partie supérieure sont constituées d’un bandeau de vitraux dont les nervures en béton sont incrustées de mosaïques. Sur chaque face, la toiture s’incline jusqu’aux portes puis s’élance vers la haute flèche métallique. À l’intérieur, le béton est adouci par une charpente en lamellé-collé portée par un tripode. Sa blondeur, la coloration bleu et orangé des vitraux offrent une ambiance chaleureuse propice à la méditation. Parmi le mobilier liturgique, sobre et élégant, on retiendra surtout les fonts baptismaux, véritable sculpture de béton et de métal.
- Rédacteur : Sylvie Denante, drac paca crmh, 2000
- Source : Christophe Petitjean, l’Architecture religieuse de Guillaume Gillet à partir de l’exemple de Saint-Joseph-Travailleur d’Avignon, mémoire de maîtrise sous la direction de Claude Massu, Université de Provence Aix-Marseille I, 1996-1997
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