Marseille 8e - Immeuble Cantini
- département : Bouches-du-Rhône
- commune : Marseille
- appellation : Immeuble Cantini
- adresse : 62 avenue J. Cantini, 10-18 rue Gaz du Midi, Quartier du Rouet
- auteurs : André DUNOYER DE SEGONZAC et Roger DABAT
- date : 1955-1957
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 3 juillet 2012
Le quartier du Rouet est encore largement industriel lors de la construction de l’immeuble Cantini, la gare de l’est est encore une gare de fret, mais n’est plus reliée au port par le transbordeur et le tunnel. Le Plan Directeur d’Urbanisme de 1949 définit l’arrivée de l’autoroute de l’est sur l’avenue Cantini à proximité de la place Castellane. Il prévoit un secteur industriel de type J où la construction de logements peut être autorisée. En réalité, cinquante ans plus tard, la crise industrielle marseillaise aidant, les immeubles résidentiels ont gagné la rive droite de l’avenue. En 1952, sont créés les financements LOGECO : primes à la construction visant à créer des logements privés normalisés. C’est grâce à ce financement que l’immeuble Cantini a pu être mis en oeuvre. Le permis de construire est accordé en 1955 et l’achèvement des travaux est déclaré en 1957.
L’immeuble suit l’alignement sur l’avenue Cantini déjà mis en oeuvre plus haut, vers Castellane, où Delbes, Arati et Boyer réalisent des programmes de logements. L’arrière tissu de l’îlot est largement saturé de constructions basses et la partie ouest du terrain est dédiée aux espaces d’activités (agence de Roger Dabat). Un commerce de pied d’immeuble est même implanté au sud, sur l’angle de la rue Gaz du Midi. La succession des plans montre une étude reprise pour parvenir à la rationalité constructive d’exécution qui deviendra un thème récurent du chantier. Celui-ci sera divisé en unités de tâches : spécifications techniques et planning restent liés. L’immeuble juxtapose différentes cages distribuant deux logements traversants par étage. Ils suivent une répartition de deux 3 pièces ou un 3 pièces et des 5 pièces, le pignon sud étant réservé aux très grands logements. La taille des logements, relativement modeste, provient d’un souci économique et fonctionnel : l’application d’un type normalisé de surface minimum. L’effet de barrière avec le quartier du Rouet, consécutif à la construction selon l’alignement, est atténué grâce à une large transparence en rez-de-chaussée de la galerie et de ses pilotis découpés dans le voile de façade. La galerie réunit les sept cages et s’ouvre sur la terrasse couvrant les activités de la rue Gaz du Midi. La façade, en partie issue du système constructif des voiles de 0,20 m, se conclut par des poteaux de 0,40 et un intervalle de 5,00 m. Les subdivisions du cloisonnement se calent sur les meneaux des châssis menuisés. Cette solution, assez fragile d’un point de vue phonique, devient problématique au franchissement des séparatifs entre les logements.
L’un des axes de recherche des auteurs, mis en oeuvre également pour Bel Horizon, porte sur la préfabrication des menuiseries extérieures. Organisées en panneaux menuisés assemblés à l’intérieur de la construction, les menuiseries constituent une sorte de mur-rideau inséré dans la trame du gros oeuvre dont le béton reste brut de coulage. Les panneaux qui intègrent un bandeau d’allège et le bandeau contenant les volets roulants prennent un relief qui les associe à la modénature des travéations de béton. Pour autant, la façade régulière n’est pas exempte de composition. La notion de registre est suffisamment marquée : un balcon en plancher haut file du second étage en délimitant un soubassement et transforme le premier étage en entresol.
Le couronnement est dessiné d’un simple retrait sur l’alignement en profil continu. Le plein corps de façade est également orné d’un motif de trois balcons superposés dont la seule raison est de composer une façade régulière. On peut évoquer ici une icône moderne, celle du concours de 1922 pour l’immeuble du Chicago Tribune par Walter Gropius dont la façade tramée est rehaussée de planchers saillants formant autant d’accentuations sur les volumes épurés.
- Rédacteur : Thierry Durousseau, 2006
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