Au départ, des bruits de camion, des signaux de recul… et puis les premières notes de violon qui s’élèvent, légères. Des notes qui deviennent parfois plus crissantes, rappelant le bruit des outils. En trois minutes, Alice Piérot, violoniste baroque, première violon de nombreux ensembles prestigieux et internationalement reconnus, dresse le portrait de LA SIMC, magasin de matériaux et de bricolage. Une fusion improbable entre deux mondes qui a donné naissance à une pastille sonore. A Sault, petit village nord-vauclusien de 1 350 habitants, la musique fait partie du quotidien. Et encore plus depuis 2020.
Jazz, contemporain, bruitages…
« La crise sanitaire Covid-19 a malmené le lien entre les commerçants et les habitants. Nous avons eu envie de le recréer, grâce à des concerts chez l’habitant.e, qui peuvent faire l’objet d’une prescription médicale et aussi au moyen de pastilles sonores qui mettent en avant tout ce qui fait vivre la ruralité, notamment le tissu économique », se souvient Loïc Guénin. Le succès est immédiat. « Le principe est simple : un.e artiste passe une journée avec un.e commerçant.e, dans son établissement. Il.elle s’imprègne de son travail, de l’atmosphère des lieux, des échanges. Ce sont ces moments qui constituent la matière première de la pastille sonore. L’artiste est libre de son style, certains n’utilisent que de la musique, d’autres mettent en son des dialogues, des bruitages. C’est éclectique, du jazz, des musiques contemporaines, de la chanson française… Et c’est tant mieux ! »
La rencontre d’une accordéoniste et d’un garagiste
Accordéoniste et garagiste, chanteuse lyrique et coiffeuse, contrebassiste et notaire sont autant de couples inédits. La mairie et l’école ont aussi leur pastille. Des pastilles financées en partie au moyen d’un contrat de filière entre la DRAC Paca, le Centre National de la Musique, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et le département. Au total, ce sont déjà 33 pastilles qui sont aujourd’hui disponibles. Sur chaque devanture, un QR-Code affiché sur une céramique – fabriquée localement bien sûr – permet à chaque passant d’écouter la pastille. Une belle occasion de parcourir le village en vue de découvrir toute sa richesse artistique et commerçante. Quatre parcours d’écoute thématiques seront prochainement proposés. Et plusieurs autres communes ont déjà fait connaître leur intérêt pour cette action artistique inédite.
Bientôt une application
Le Phare à Lucioles travaille actuellement, dans le cadre d’un nouveau contrat de filière, à la réalisation d’une application pour smartphone qui permettra de suivre des parcours de découverte du village par le son. Cette application se construit dans un partenariat exemplaire entre la compagnie, l’association des commerçants et l’office de tourisme.
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