En 1950, suite à la commande du père Jean Devémy et du père Couturier, Germaine Richier conçoit un Christ en croix pour le chœur de l’église Notre-Dame-de-toute-Grâce du Plateau d’Assy, en Haute-Savoie. Cette église, véritable œuvre totale, renferme déjà des œuvres de Marc Chagall, Georges Braque, Henri Matisse, Marguerite Huré, etc. L’œuvre de Richier est d’une modernité déroutante, car elle réussit à faire fusionner le Christ et sa croix dans une symbiose parfaite du bronze. Telle une branche nouée, le Christ sculpté par l’artiste exprime une douleur rare.
© DRAC ARA - CRMH -Lili Davenas
Le Christ fait scandale, après l’inauguration de l’église. Il est jugé blasphématoire par une partie du milieu catholique français. Les camps s’opposent très fortement sur ce qui peut ou ne peut pas être représenté. Le 1er avril 1951, Monseigneur Cesbron, évêque d’Annecy fait retirer le Christ de l’église. Germaine Richier, catholique et croyante, est profondément choquée. L’œuvre, au départ remisée, est accrochée dans une chapelle latérale de l’église. Le Christ retrouve sa place en 1969, dix ans après la mort de l’artiste, et est classé au titre des monuments historiques dans la foulée, en 1971.
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Le Christ en croix, toujours conservé dans l’église a été demandé en prêt par le Centre Pompidou (1er mars – 12 juin 2023), ainsi que par le musée Fabre de Montpellier, où l’exposition sera par la suite présentée (12 juillet – 5 novembre 2023). Le Christ de Richier n’a jamais été exposé dans une institution muséale jusqu’ici.
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Suite à un constat d’état effectué par une restauratrice métal, et face à la découverte d’un joint largement ouvert, la Conservation régionale des Monuments historiques, en charge du contrôle scientifique et technique du prêt, a préconisé une attelle et une boîte spécifique afin de ne pas mettre en danger l’œuvre lors de son déplacement. La sculpture a bénéficié d’un traitement permettant d’améliorer les conditions de conservation du métal et de redonner à l’ensemble de la surface de l’œuvre un aspect homogène.
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L’installation en salle du Christ a fait l’objet d’un regard précis des conservateurs, afin d’assurer sa bonne présentation et sa sécurité. Dépoussiéré et nettoyé, le Christ a retrouvé son lustre d’antan.
Pour le voir, rendez-vous au Centre Georges Pompidou à Paris jusqu’au 12 juin prochain.
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