Réalisé en trois phases, la restauration du bâtiment des convers, par le ministère de la Culture / DRAC a permis la restauration complète du bâtiment pour permettre son utilisation pour des usages culturels variés.
Inscrite au Contrat de Projet Etat-Région 2007-2013, elle a mobilisé des crédits de l’État / ministère de la Culture et de la Communication, du conseil Régional de Champagne-Ardenne, du conseil Général de l’Aube et de l'Europe pour un montant total de 5 456 392 euros.
A l’heure où se termine le chantier des Convers, démarre celui de la restauration d'une partie du réfectoire-chapelle du XVIIIe siècle.
En 2014, à la veille des célébrations en 2015 du 900e anniversaire de l’abbaye, 4 chantiers cohabiteront à Clairvaux : celui du réfectoire-chapelle, celui de la prison des enfants, celui des aménagements des espaces extérieurs et enfin celui de la mise en sécurité du parcours de visite, qui ont tous pour objectif d'accentuer la valorisation du site de Clairvaux.
Trois phases de travaux
Le ministère de la Culture et de la Communication a alors commandé une étude de restauration globale à Eric Pallot, architecte en chef des monuments historiques et le chantier a été mené en trois phases distinctes :
- Un premier projet concernant l'assainissement et la reprise en sous œuvre du bâtiment des convers, soumis à des inondations régulières dues à la fluctuation de la nappe phréatique et des murs goutterots non fondés, a été réalisé et s’est achevé en avril 2008.
- Une deuxième phase de travaux a concerné la restauration structurelle des façades, de leurs baies et la réalisation de la totalité des enduits des murs et voûtes des deux niveaux du bâtiment.
- Une troisième phase de travaux a été ensuite nécessaire pour la réalisation des sols de l’édifice et de l’équipement technique de celui-ci (électricité, chauffage, ascenseur….) permettant une accessibilité personnes à mobilité réduite et une adaptation à un usage culturel.
Coût des travaux
Montant total des travaux : 5 456 392 euros TTC
Part État - ministère de la Culture et de la Communication : 3 885 392 euros
Part Conseil Régional de Champagne-Ardenne : 555 000 euros
Part Conseil Général de l’Aube : 227 000 euros
Part FEDER (Fonds européen de développement régional) : 789 000 euros
Maîtrise d’œuvre et d’ouvrage
Maîtrise d'ouvrage : Direction régionale des affaires culturelles de Champagne-Ardenne
Maîtrise d’œuvre : Eric Palllot, architecte en chef des monuments historiques
Historique
L’abbaye, troisième fille de Cîteaux est fondée par le futur saint Bernard, le 25 juin 1115, dans une vallée étroite s'ouvrant sur celle de l'Aube.
A l'écart du monde, le lieu reflète l'idéal voulu par le nouvel ordre cistercien, souhaitant vivre authentiquement la règle de Saint-Benoît, dans le silence, le travail et la prière. Le développement de l’Ordre Cistercien et son expansion dans toute l’Europe médiévale doivent beaucoup à l’abbaye de Clairvaux et à la personnalité hors du commun de saint Bernard.
Dès 1153, 169 abbayes sur le continent peuvent se réclamer de la filiation de Clairvaux. Leur nombre augmentera encore au cours du XIIIe siècle et on peut retrouver des fondations de Clairvaux, dans toute l'Europe, notamment en Suède, dès 1143, à Alvastra ou au Portugal à Alcobaça, en 1148, sans oublier en Angleterre, avec Rievaulx (1132), Fountains (1138) ou Eberbach (1135), en Allemagne actuelle, Chiaravalle (1135) ou Casamari (1144), en Italie.
La guerre de Cent Ans, puis les guerres du début du XVIIe siècle, dévastent le domaine de Clairvaux mais l'abbaye ne sera jamais pillée.
C’est au siècle suivant que plusieurs campagnes de construction vont profondément transformer l’ensemble des bâtiments. Les travaux commencent par modifier le logis abbatial, achevé en 1705, la porterie et le bâtiment des hôtes, en créant une grande composition d'architecture classique.
Les moines quittent l’abbaye en 1791 et les bâtiments sont vendus comme Bien National dès l’année suivante. La bibliothèque de l'abbaye est transférée à Troyes où elle est conservée, dans la médiathèque. Elle a été inscrite par l'UNESCO, comme « patrimoine du monde », en 2009.
L’Etat achète les bâtiments de l'abbaye en 1808 pour en faire un dépôt de mendicité, puis une maison centrale de détention, accueillant les condamnés de neuf départements. La création de ce centre de détention, toujours en activité, a préservé la plupart des bâtiments de l’ancienne abbaye, sauf l'église abbatiale.
Son emplacement, longeant l’aile ouest du cloître, est traditionnellement réservé aux convers dans une abbaye cistercienne.
Ce sont des religieux, mais non des moines, qui mettent en valeur le domaine agricole de l'abbaye par leur travail. Ils vivent dans les granges que l'on appellerait aujourd'hui des fermes ou des exploitations agricoles. L'abbaye de Clairvaux en possédait six quand Saint-Bernard était abbé (1115 - 1153), vingt quatre, à la fin du XIIIe siècle.
Chaque samedi, les convers rentraient à l'abbaye pour suivre les offices religieux du dimanche, expliquant ainsi les dimensions du bâtiment. Il s'élève sur deux étages et s’étend sur 74 m avec une largeur de 21,50 m. Il comprenait à l’origine 14 travées et trois vaisseaux par niveau. Aujourd’hui, il s’interrompt au début de la 13e travée, en raison des travaux du XVIIIe siècle qui ont entraîné la suppression de son extrémité nord du côté de l’église de l'abbaye. De grandes arcades rythment les façades est et ouest et servent de contreforts. Elles évoquent d’autres constructions édifiées par l'abbaye au début du XIIIe siècle, comme les celliers de Clairvaux à Colombé-le-Sec et à Bar-sur-Aube, ou celui de Dijon.
Dans la plupart des abbayes cisterciennes de cette époque, les bâtiment des convers reproduisent une disposition identique à celle de Clairvaux : au premier niveau, au sud, le réfectoire, séparé du cellier, au nord, par un passage charretier qui permettait de faciliter le transport des vivres dans le cellier. L'étage servait de dortoir. A l'extérieur, du côté du cloître, un passage, la ruelle des convers, leur permettait de rejoindre l'église abbatiale. A l’intérieur, les trois vaisseaux sont voûtés sur croisées d’ogives à l’étage inférieur alors que l’ancien dortoir, au-dessus, possède des voûtes d’arêtes. Cette disposition est celle de l’aile des convers de l’abbaye de Pontigny déjà achevée dans la seconde moitié du XIIe siècle. En revanche, les trois vaisseaux rappellent ceux des bâtiments des convers de Vaucelles ou de Longuay édifiés au début du XIIIe, mais les échelles sont différentes .
A Clairvaux, le style de l’édifice évoque la fin du XIIe siècle, au plus tôt autour des années 1180, quand l’abbaye commence à jouir d’une aisance financière certaine et que le nombre des convers augmente. Avec leur diminution, le bâtiment des convers devient un cellier et un grenier, entre le début du XVIe et la Révolution.
Au début du XIXe siècle, l’administration pénitentiaire apporte des modifications : deux escaliers intérieurs sont créés et la plupart des baies sont reprises.
L’édifice est occupé par des détenues de 1820 à 1858, avant de devenir un atelier. L’ancien cellier leur servait de réfectoire. On comptait 489 femmes à Clairvaux en 1858.
Le bâtiment n’est plus utilisé depuis 1955. Sa restauration ne commence qu’à la fin des années 1960 et s'est poursuivie jusqu'en 2013. Pendant cette période, plusieurs découvertes ont permis de mieux connaître l'édifice et son décor. L'une des portes du cellier s'ouvrant sur le passage charretier a été dégagée. Elle témoigne du niveau du sol médiéval de celui-ci et du cellier, plus élevé que celui du réfectoire; à l'étage, une baie d'origine a été retrouvée, permettant ainsi de retrouver la taille des baies qui ont été restituées au cours de la dernière campagne de restauration achevée en 2013. Cette baie d'origine conservait les traces d'un décor de faux appareil dessinant des joints blancs sur un fond ocre qui a été révélé dans d'autres parties du dortoir.
La campagne de restauration qui s'est achevée en 2013, en recréant l'ouverture des baies d'origine ainsi que l'espace intérieur du réfectoire des convers, offre au visiteur un bâtiment qui reflète l'esprit dans lequel il a été conçu.
Abbaye de Clairvaux. Bâtiment des convers. Détail de la voûte du dortoir
Clairvaux 2015 : 900e anniversaire de la fondation de l'abbaye
Jusqu'en 2015
La perspective des célébrations du 900e anniversaire de la fondation de Clairvaux en 2015 mobilise fortement l'Etat et les collectivités territoriales qui projettent dans cette date une opportunité de valorisation de l'Abbaye de Clairvaux et de développement touristique du territoire.
Un comité de pilotage composé de l'ensemble des partenaires (DRAC Champagne-Ardenne, Conseil régional de Champagne-Ardenne, Conseil général de l'Aube, Communauté d'agglomération du Grand Troyes, ministère de la justice) et un comité scientifique travaillent à l'élaboration d'une programmation culturelle et artistique ambitieuse. Le succès de ces manifestations repose sur l'accessibilité du site et la poursuite des chantiers des restauration.
Le ministère de la Culture poursuit ses efforts dans ce sens en lançant, dans la continuité du chantier de Convers, celui de la restauration de l'aile sud du cloître qui permettra de rendre accessible en toute sécurité le magnifique réfectoire du XVIIIe siècle début 2015.
D'autre part, des travaux d'aménagement des abords extérieurs et de création d'une salle d'exposition dans la prison des enfants seront lancés courant 2014.
Après 2015 : un projet de valorisation ambitieux autour de la notion d'enfermement
L'Etat et ses partenaires souhaitent développer à Clairvaux un espace centré sur la notion d'enfermement volontaire et contraint qui fait le lien entre l'histoire cistercienne et l'histoire pénitentiaire. Il ne s'agit donc pas de nier l'histoire de la prison qui a profondément marqué le site mais au contraire de l'intégrer dans la mise en scène et dans le discours de l'histoire de ce site, tout en le rendant plus facilement accessible et plus accueillant. Les trois kilomètres de mur de la vieille enceinte monastique enferment un double lieu de mémoire. Tout oppose les situations humaines des moines et des détenus mais les vénérables vestiges du site témoignent de neuf siècles d’enfermement vécus dans la liberté des uns et la contrainte des autres, au cœur d’un même espace clos.
Association Renaissance de l’abbaye de Clairvaux
C’est dans le respect de la dualité du lieu, abbaye, puis prison, que l’Association Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux met en place depuis 1979, hors toute implication politique ou religieuse, un projet culturel global : programme de visites consacrées aux bâtiments monastiques des XIIe et XVIIIe siècles, mais également aux lieux historiques de la prison (20 000 visiteurs par an), gestion de colloques et de publications sur les deux histoires du site, organisation d’un Festival de musique « Ombres et Lumières », constitution d’un premier fonds muséal avec des œuvres liées au site.
L’association intervient dans le cadre de conventions passées avec l’Etat-ministère de la Culture (DRAC), la Région Champagne-Ardenne, et le Conseil général de l’Aube.
Elle bénéficie du soutien complémentaire de la Communauté européenne, de la Communauté de communes de la Région de Bar-sur-Aube, de la commune de Ville-sous-la-Ferté et de plusieurs fondations, mais également de nombreux adhérents individuels qui suivent son action avec fidélité.
L'association est partie prenante dans la commémoration du neuvième centenaire de la fondation de Clairvaux en 2015, qui sera l’occasion de rappeler l’histoire exceptionnelle d’un lieu de mémoire singulier qui a vocation à devenir un Centre culturel structurant en Champagne méridionale.
Association Renaissance de l’Abbaye de Clairvaux
Hostellerie des Dames 10 310 Clairvaux
Tél. 03 25 27 52 55
Renseignements détaillés sur le site de l'association : abbayedeclairvaux.com
Partager la page