En itinérance sur le territoire de la Vallée de la Seine, le festival "Mars à l’Ouest" joue entre espace urbain et rural. Aurelia Ivan, directrice artistique du festival, a choisi de mettre en lumière : art de la marionnette et innovation artistique. Son ambition : "Rendre visible le travail sur l’art de la marionnette au sens large, contemporain et hybride."
L’association "Marionnettes en Seine" produit deux événements majeurs dans le département des Yvelines : la biennale "Mars à l’Ouest", un festival international dédié aux arts de la marionnette et "Les Constellations", un programme d’innovation artistique en territoire. En prolongement des éditions de l'Été culturel 2021 et 2022, l'association déploie à ce titre un vaste projet participatif avec l'organisation d'actions d’éducation artistique et culturelle. Des artistes professionnels vont à la rencontre de jeunes populations et présentent un programme d’innovation artistique qui rayonne dans 13 communes du département.
Parlez-nous du spectacle "Moon / Cabinet de curiosités lunaires" de la compagnie Barks ?
Cabinet de curiosités lunaires – La bascule, poème sans gravité / Compagnie Barks - Bastien Dausse Été culturel 2023 © Mars à l’ouest
"Jouer de manière poétique, avec et contre la gravité."
"La compagnie Barks / Bastien Dausse fait partie des compagnies en résidence avec le festival "Mars à l’Ouest" et "Les Constellations". C’est une résidence en territoire soutenue par la DRAC Île-de-France, il s’agit d’un travail engagé dans la durée, avec la compagnie et l’artiste. "Moon / Cabinet de curiosités lunaires" fait partie d’un projet plus vaste nommé "Études gravitaires" - un travail de recherche et de création d’objets spécifiques lui permettant de jouer de manière poétique, avec et contre la gravité.
Bastien Dausse est diplômé de l’Académie Fratellini. Et dans ce travail spécifique, le rapport à l’objet est particulièrement intéressant, nourri de dialogues entre pratique acrobatique et marionnettique. Le festival accompagne ce travail de recherche et en octobre 2024, lors de la troisième édition de la biennale "Mars à l’Ouest", le rendra visible dans le territoire."
De quelle manière se passe votre participation et quelle est son importance ?
"Le festival "Mars à l’Ouest", porté par l’association Marionnettes en Seine, est un festival qui n’est pas associé à un lieu, mais à un ensemble de lieux culturels, villes et villages au long de la Vallée de la Seine, entre Saint-Germain-en-Laye et Mantes-la-Jolie.
"Avec chaque lieu, nous écrivons ensemble, une collaboration artistique et administrative."
Aurelia Ivan, directrice artistique du festival © Isidora B.I.
Entre espace urbain et espace rural, "Mars à l’Ouest" est un festival dont la cartographie évolue, s’élargit et s'étend chaque année. Avec chaque lieu, nous écrivons ensemble, une collaboration artistique et administrative sur mesure qui est le reflet de ce qui nous réunis. Le festival et son équipe sont entièrement impliqués dans la coécriture de chacun de nos partenariats. C’est une dimension importante de notre travail à prendre en compte. Au-delà de la dimension artistique et de programmation, qui est la partie la plus visible, les outils structurants et d’accueil sont parfois manquants. Le festival joue ainsi pleinement son rôle d'intermédiaire entre artistes, territoires, publics, structures culturelles et structures du champs éducatif et social. L’attention et le soutien conjoint de la Communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise et du Département des Yvelines représentent la force locale de cet événement, renforcé par le soutien de la DRAC et de la Région Île-de-France."
Comment mettez-vous en place le travail dans les territoires ruraux et les quartiers populaires ?
"Le Festival est né sur ce territoire de la Vallée de la Seine, entre Saint-Germain-en-Laye et Mantes-la-Jolie, il est naturellement lié à ce dernier et lui ressemble donc. Il revêt ce visage entre territoires ruraux et quartiers dits "populaires". Lorsque nous avions commencé à travailler sur ce territoire exigeant, et très en attente en 2019, nous étions déjà conscients de ses besoins et c’est ce qui nous a intéressés. C’est une richesse, dans le sens où cela nous permet de travailler sur des temporalités différentes, des projets artistiques variés dans leur ampleur et leur durée. Tout se met en place par un co-portage avec les lieux partenaires et dans un territoire rural, là où la structure culturelle est manquante. Les artistes s’installeront, par exemple, dans une structure éducative, cela permet un partage des processus de création avec les élèves et l’ensemble du corps éducatif.
Les expériences passées à Breuil-Bois-Robert, Boinville-en-Mantois, Issou sont probantes pour le territoire et les artistes. Et la résidence artistique de l’artiste Johnny Lebigot dans l’Agro-Campus de Saint-Germain-en-Laye/Chambourcy est exceptionnelle. L’ensemble du corps enseignant et les élèves ont sollicité la reconduction de la présence de l’artiste dans l'établissement, ce qui nous amène aujourd'hui à une présence historique de trois années scolaires dans un même établissement et avec un soutien reconduit de la DRAC et de la Région tout aussi exceptionnel."
Quelle importance donnez-vous à votre nouvelle participation ?
"Le festival "Mars à l’Ouest" a rejoint dès 2021 l’opération nationale de l’Été culturel tout naturellement par une concordance du projet et du temps. Étant touchés par la fermeture des lieux culturels lors de notre première édition en 2020, nous avions imaginé alors la création d’un événement à l’été 2021 intitulé "Les Constellations de Mars à l’Ouest". C’était notre adaptation à la situation et au contexte que nous vivions, notre rebondissement possible auprès des artistes, des partenaires du territoire et des publics. L’Été culturel a été lancé par le ministère de la Culture, au même moment nous avions candidaté et notre programme avait été retenu.
"Les Constellations de Mars à l’Ouest", comme l’Été culturel, participent au fait que l’art et la création rencontrent des publics dans des espaces et sur des temps inhabituels jusqu’alors."
Benjamin Verdonck, Festival Mars à l'Ouest oct. 2022 - Les Mureaux-marché du centre-ville © Mars à l’ouest
"Les Constellations de Mars à l’Ouest", comme l’Été culturel, participent au fait que l’art et la création rencontrent des publics dans des espaces et sur des temps inhabituels jusqu’alors. Dans notre cas, ce ne sont pas des nouveaux publics que nous rencontrons. Ce qui est nouveau, c’est de rencontrer ces même publics (jeunes et adolescents), selon de nouveaux protocoles plus participatifs, sur des temps plus longs et plus privilégiés, avec les artistes dans leur quotidien. Ces moments deviennent véritablement des temps de transmission."
Les arts de la marionnette sont au cœur de votre projet. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
"Je souhaite donner place, rendre visible le travail sur l’art de la marionnette au sens large, contemporain et hybride. Cet art rencontre tous les autres : la danse, le cirque, les arts numériques, le cinéma, la création musicale, etc. C’est une pratique artistique multiple : par l’objet, les poupées, par les dispositifs scénographiques et par la manipulation à distance. En outre, des stratagèmes de détournement permettent de nouvelles écritures scéniques. Ainsi, cette spécificité de la création m’intéresse tout particulièrement par ce qu’elle pratique et par ce qu’elle produit.
"Le festival est une façon de prolonger mon engagement pour l'art de la marionnette, une façon de continuer à le rendre visible par sa diversité contemporaine et patrimoniale."
Julie Faure-Brac, Festival Mars à l'ouest oct. 2022 - Maison des Insectes à Carrières-sous-Poissy © Mars à l’ouest
Le moment du festival se révèle donc être un moment important : je souhaite le partage de cette diversité de création, mais aussi le partage des processus de création. Étant moi-même issue de l’École nationale supérieure des arts de la marionnette de Charleville-Mézières, porter un tel événement est une façon de prolonger mon engagement pour cet art, une façon de continuer à le rendre visible par sa diversité, contemporaine et patrimoniale. C’est pour cela que je travaille avec beaucoup de passion pour ce festival, les artistes et ce territoire – vaste et contrasté, qui me touche particulièrement. L’équipe du festival et moi-même avons l’intuition qu’il y a encore tant de choses à faire et c’est ce pourquoi nous nous engageons."
* Image d'accroche : Cabinet de curiosités lunaires – La bascule, poème sans gravité / Compagnie Barks - Bastien Dausse Été culturel 2023 © Le Chaplin à Mantes-la-Jolie
Partager la page