11 nouvelles maisons ont été labellisées en 2019 par le ministère de la Culture dont deux pour l'Occitanie : la Villa Antonine et l'Hôtel Fayet, situés à Béziers.
La villa Antonine et Jean Antoine Injalbert
Jean-Antoine Injalbert ( Béziers, 1845 - Paris, 1933), fils d'un tailleur de pierre, est dès son enfance passionné de dessin et de décoration. A l'âge de 16 ans, il entre comme tâcheron chez le sculpteur ornemaniste Paul Théodore. Il suit des cours du soir chez le portraitiste Roudès. Injalbert décide d'embrasser la carrière de sculpteur et se rend à Paris avec l'accord paternel. Il subsiste en gagnant sa vie chez un ébéniste. En 1860, il est admis à l'examen d'entrée à l’École des Beaux-Arts (pour le dessin dans la section peinture). Il bénéficie d'une pension de la ville de Béziers et du Conseil Général de L’Hérault. En 1874, il obtient le Grand Prix de Rome avec la « Douleur d'Orphée ». Pensionnaire à la Villa Médicis, il s' imprègne d'art antique et baroque. De retour en France, il obtient la Médaille d'or avec le « Christ en Croix » à l'Exposition Universelle. Les commandes affluent : Hippomène, le projet de la « fontaine du Titan » pour le Plateau des poètes de Béziers, les statues du pont Mirabeau à Paris et deux figures pour le Palais législatif Fédéral de Mexico. En 1889, pour le centenaire de la Révolution française, il réalise un buste de Marianne, un des plus diffusés sous la IIIe République. Nommé professeur à l’École des Beaux-Arts, il épouse à l'âge mûr Louise Pin à qui il lègue la Villa Antonine. Par testament du 2 décembre 1934, sa veuve lègue, à la ville de Béziers, la propriété, les oeuvres entreposées, les documents et tous les souvenirs. Félix Cambon, conservateur du musée, est chargé d’assumer la tutelle. Selon les dispositions testamentaires du Maître, sa filleule Paule Paget est nommée « conservatrice » à vie de la Villa. Son souhait est de créer un musée Injalbert. L’exiguïté des lieux et le désintérêt municipal empêchent l'aboutissement du projet. Après le décès de Paule Paget en 1978, la Ville devient propriétaire des lieux.
La villa Antonine était la résidence d'été du sculpteur Jean-Antonin Injalbert (1845-1933). Il hérite de ce bien à la mort de son père en 1896. Cet artiste est célèbre pour avoir réalisé la statue de Marianne commandée par l'Etat en 1889 pour le centenaire de la Révolution française (tirée à des milliers d'exemplaires encore conservés dans les mairies de France) et d'autres œuvres conservées notamment à Paris (statues de ponts, Mirabeau, ...). La maison est entourée d'un jardin méditerranéen (arbres, arbustes, massifs de fleurs) orné des œuvres de l'artiste. Avec sa fontaine, sa villa bleue et sa pergola, ce lieu est un havre de paix où le « Beau se mêle au passé ». Au fond de la propriété, l'atelier jouxtant la « Villa bleue » est orné de cariatides. Elle accueille des artistes en résidence pour une durée de 1 an. Le projet culturel majeur est de réhabiliter la « villa bleue » en deux résidences d'artistes permanentes.
L'Hôtel Fayet et Gustave Fayet
L'hôtel Fayet est la maison natale de Gustave Fayet. Il y réside en permanence jusqu'en 1905, date du décès de sa mère Élise Fusier. Par la suite, Fayet s' y rend de temps en temps. Son adresse officielle reste le 9 rue du Capus comme celle de ses bureaux. Construit sur une ancienne structure médiévale, l'hôtel est reconstruit par Armand Joseph de Villeraze en 1747. Contraint à l'exil suite à l’assassinat du procureur du Roi, il loue, puis cède en 1826 la demeure au magistrat Pierre Fusier grand-père maternel de Gustave Fayet. Élise Fusier, mère de Gustave, hérite de cet hôtel dans lequel elle s'installe avec son époux Gabriel Fayet. Le couple entreprend des travaux d'envergure (dont une décoration plus éclectique et une extension de l'hôtel). La distribution des pièces répond aux besoins d’organiser un cadre de vie spacieux, moderne et fonctionnel. En 1899, à la mort de son père, Gustave Fayet et son épouse Madeleine d'Andoque s'y installent. L'hôtel Fayet se transforme en centre névralgique de la vie mondaine et culturelle. En 1966, la famille cède la demeure à la ville de Béziers. Le lieu devient le Musée des Beaux-Arts de Béziers.
Gustave Fayet
Gustave Fayet ( Béziers, 1865 - Carcassonne, 1925 ), héritier d'une des plus grandes fortunes biterroises, est sensibilisé aux arts par son père Gabriel et son oncle Léon, élèves de Daubigny (École de Barbizon). La veine impressionniste va influencer sa première période artistique (1891-1902). Grand amoureux de la lumière méditerranéenne, il aime en capter les effets et les reflets dans ses aquarelles. En 1899, il acquiert une partie de la collection moderne du négociant en vins Armand Cabrol (dont des toiles de Renoir, Pissarro...). Grâce à Maurice Fabre, collectionneur d'art moderne, il se lie d'amitié avec Odilon Redon, figure éminente du Symbolisme, dont il devient collectionneur et mécène. Mais c'est le peintre Georges-Daniel de Monfreid qui lui réserve le choc artistique de sa vie en lui dévoilant sa collection d’œuvres de Gauguin. Cette découverte résout Fayet à réunir près de soixante dix œuvres de l'artiste afin de les promouvoir dans le foyer culturel biterrois. Nommé Conservateur du musée des Beaux-Arts de Béziers, il organise l'exposition de 1901 pour rivaliser avec les salons parisiens les plus novateurs. Précurseur de génie, il y expose quatre tableaux de Gauguin et sa statuette « Oviri », des oeuvres de Rodin et de Picasso, inédites en France. Fayet est aussi un mélomane et un musicien accompli. Il est proche de Ricardo Vines et de Camille Saint-Saëns. Entre 1902 et 1908, animé par une frénésie créatrice, il créé avec son compatriote Louis Paul une collection de céramiques. Enfin de 1908 à 1925, il acquiert des demeures d'exception : l'abbaye cistercienne de Fontfroide (Aude) décorée par Odilon Redon et Richard Burgsthal, le château d'Igny (Essonne), et la Villa Costebrune (Var). Dans son Atelier de la Dauphine à Paris, il réalise des tapis inspirés de ses buvards. C'est sa dernière grande aventure artistique.
A ce jour le réseau compte 245 lieux labellisés.
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« En franchissant le seuil d’une maison d’Illustre, transformée aujourd’hui en musée, centre culturel, lieu de ressources, ou encore espace de rencontres, chacun d’entre nous est invité à vivre l’expérience d’un patrimoine véritablement incarné. » Franck Riester, ministre de la Culture
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