Cette répartition géographique est le résultat de l’histoire de la constitution des bibliothèques municipales, notamment pendant la période révolutionnaire avec la confiscation des biens du clergé et de la noblesse (entre 1789 et 1794), puis la création des bibliothèques de district en 1794. Ces collections ont pu se développer tout au long des XIX^e et XX^e siècles, grâce à une politique d’acquisitions souvent très active, qu’il s’agisse d’achats, de legs ou de dons.

Le Code du patrimoine définit comme patrimoniaux les documents anciens, rares ou précieux. Dans les collections des bibliothèques, on distingue ainsi, sommairement, les manuscrits, les livres anciens (imprimés avant 1830), la presse ancienne, les estampes et photographies, les monnaies et médailles, les archives et les cartes, etc.

Les collections patrimoniales sont également constituées des documents soumis à l’obligation d’un dépôt légal, aux fins de constitution d'une mémoire nationale. Leur collecte et leur conservation sont partagés entre la Bibliothèque nationale de France, 21 bibliothèques métropolitaines et 7 établissements dans les Outre-mer.

On estime que les bibliothèques publiques françaises conservent environ 70 millions de documents patrimoniaux :

• 30 millions dans les bibliothèques territoriales ;
• 30 millions à la Bibliothèque nationale de France ;
• 10 millions dans les bibliothèques universitaires.

Enrichissement et sauvegarde des collections patrimoniales

Le ministère de la Culture soutient les politiques d’enrichissement et de sauvegarde des collections patrimoniales des bibliothèques territoriales à travers plusieurs dispositifs.

Les Fonds régionaux de restauration et d’acquisition des bibliothèques (FRRAB), dispositifs de financement à parité État/DRAC et Région, permettent de subventionner les acquisitions ou opérations de restauration.

En complément, le dispositif d’aide aux Acquisitions et restaurations patrimoniales d’intérêt national (ARPIN) peut être sollicité auprès du ministère de la Culture par les bibliothèques des collectivités territoriales pour des acquisitions majeures, prioritairement dans les régions non dotées de Fonds Régional de Restauration et d’Acquisition pour les Bibliothèques.

Pour les chantiers d’amélioration des conditions de conservation, les collectivités peuvent également demander aux Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) à bénéficier de subventions dans le cadre de la Dotation générale de décentralisation (DGD).

Afin de prévenir les différents sinistres pouvant les toucher, le ministère de la Culture accompagne la mise en place de Plans de sauvegarde des biens culturels (PSBC) dans l’ensemble des bibliothèques territoriales patrimoniales.

Signalement, numérisation et valorisation des collections patrimoniales

Parallèlement aux actions d’enrichissement ou de sauvegarde, le ministère de la Culture accompagne les bibliothèques dans leurs opérations de signalement, de numérisation ou de valorisation de leurs collections patrimoniales.

Dans chaque région, des plans ont ainsi été mis en place, visant à achever le signalement des livres anciens et des manuscrits d’ici 2025. Ces plans sont pilotés par les structures régionales pour le livre (SRL), organismes financés par l’État et les régions, en lien avec les DRAC et la BnF. Ils sont soutenus par l’État dans le cadre de l’appel à projets national Patrimoine écrit des bibliothèques. La Dotation générale de décentralisation (DGD) peut également accompagner certains projets de signalement portés individuellement par des bibliothèques territoriales. L’ensemble de ces opérations a ensuite vocation à enrichir le Catalogue collectif de France (CCFr) hébergé par la BnF.

L’État et la BnF accompagnent également les bibliothèques territoriales dans leurs projets de numérisation. L’appel à projets Programme de numérisation et de valorisation des contenus culturels (PNV), piloté en région par les DRAC, peut notamment accompagner les projets de bibliothèques numériques. La BnF de son côté peut soutenir les projets de numérisation de ses partenaires en région, soit par le biais de subventions, soit par l’intégration à ses marchés de numérisation. Enfin, son offre Gallica Marque Blanche permet aux bibliothèques territoriales de constituer et de conserver de façon pérenne leurs bibliothèques numériques.

Afin de mieux faire connaître ces précieuses collections, le ministère de la Culture soutient également les opérations de valorisation, que ce soit au travers de programmes de recherche, d’expositions ou de tout autre dispositif. On citera par exemple les publications des « Catalogues régionaux d’incunables » ou de la collection « Patrimoine musical régional », l’organisation de journées professionnelles annuelles, les Journées du patrimoine écrit, ou le soutien au programme de numérisation des manuscrits médiévaux mené par l’Institut de recherche et d'histoire des textes.

La presse ancienne

Les bibliothèques territoriales conservent également dans leurs magasins des collections de presse parfois très anciennes et très consultées par le public. Celles-ci, souvent moins bien décrites, doivent également faire l’objet d’une attention particulière, en raison de leur fragilité. En effet, les journaux de la fin du XIX^e et de la première moitié du XX^e siècles souffrent de l’acidité des papiers sur lesquels ils ont été imprimés : leurs pages tombent aujourd’hui en morceaux.

C’est la raison pour laquelle d’importants chantiers de numérisation de ces titres de presse ont été engagés. 40 millions de pages sont déjà accessibles sur les sites Gallica ou via le portail Presse locale ancienne.

L’effort doit toutefois être poursuivi. L’État conduit donc un plan national de numérisation de la presse ancienne, qui vise à accroître ce corpus de 20 millions de pages entre 2024 et 2028. Cet important chantier mobilise la BnF, les bibliothèques territoriales et les services d’archives départementales.

Cette numérisation s’accompagne d’un important chantier de signalement des collections de presse locale. Il permettra de compléter le portail Presse locale ancienne, en couvrant les 20 départements métropolitains et ultramarins restant à traiter.

Journées du patrimoine écrit (JPE)

Chaque année, les Journées du patrimoine écrit réunissent des professionnels des bibliothèques, des services d’archives ou des musées autour des questions de signalement, de conservation, de restauration, de numérisation ou de valorisation du patrimoine écrit.

Ces journées sont organisées par le Service du Livre et de la Lecture, avec une structure régionale pour le livre (SRL), la DRAC de la région correspondante et la ville hôte.